ANNEGARN (Dick)

La parution du premier album de Dick Annegarn en 1974 constitue un événement. On découvre l’univers cocasse et fantasque d’un grand Duduche néerlandais qui aurait pris langue chez Prévert, Jarry et Desnos (L’institutrice, Ubu, Bébé éléphant, Sacré géranium). La forte conviction qui se dégage de l’interprétation d’Annegarn (celle d’un chanteur de blues ayant la guitare chevillée au corps) ne peut qu’attirer l’attention sur ce drôle d’auteur-compositeur qui ne ressemble à personne. La chanson la plus connue de ce disque (et du répertoire d’Annegarn) reste Bruxelles : “Bruxelles attends moi j’arrive / Bientôt je prends la dérive . Les trois albums suivants, sans toutefois obtenir le même succès, confirment l’originalité du talent de Dick Annegarn. Deux chansons, Mireille (la mouche) et Albert (le merle) l’illustrent plus particulièrement : Annegarn, à l’instar de Jean de La Fontaine, a recours à la fable animalière pour nous parler du monde, mais sans le coté sentencieux de son illustre prédécesseur.

A partir de 1978, Dick Annegarn prends des distances avec le show-business. Les expériences de type alternatif qui s’ensuivent ne recueillent malheureusement que peu d’échos. Signalons cependant les trois albums des années dites “nocturnes” (“Frères”, “Ullegarra”, “Chansons fleuves”). L’inspiration écologiste, déjà présente dans les premiers disques, se fait davantage entendre : une chanson de la qualité de Tchernobyl blues aurait mérité un meilleur sort. Ce triptyque se signale par une gravité (en raison des thématiques politique, philosophique, écologiste) nouvelle chez Annegarn : Frères ?, Maudit mal, Le saule, Pangée. Ces trois albums nous font voyager de part le vaste monde. Sur le plan géographique, bien entendu, mais plus encore à travers des références historiques et mythiques qui témoignent autant d’une quête de soi que de l’infatigable curiosité de Dick Annegarn.

En 1997 l’album “Approche toi” met plus particulièrement en valeur les qualités mélodiques du compositeur (Approche toi, Il pleut, Crépuscule, mais surtout l’étonnant Rabbi Jésus : une cantate en miniature sur le mode oriental confirmant si besoin était l’étendue de la palette musicale du créateur de Bruxelles.