ASSO (Raymond)

Sans contestation possible l’un des auteurs les plus marquants de la période 1935-1955, Raymond Asso avait auparavant fait tous les métiers avant de se consacrer à la chanson. Deux titres créés par Marie Dubas (sur des musiques de Marguerite Monnot), Le fanion de la légion et Mon légionnaire le font connaître du grand public. Mais c’est la môme Piaf (dont il devient le compagnon) qui popularise cette seconde chanson. Jusqu’à la guerre Asso va écrire pour Piaf de nombreuses chansons (Je n’en connais pas la fin, Le petit monsieur triste, musiques de Marguerite Monnot ; Mon amant de la coloniale, Tout fout le camp, de Juel ; Browning, de Jean Villard ; C’est lui que mon coeur a choisi, de Max d’Yresne ; Elle fréquentait la rue Pigalle de Louis Maitrier). Raymond Asso lui crée un répertoire qui, sans vraiment s’affranchir des canons de la chanson réaliste, lui donne une tonalité littéraire plutôt inhabituelle dans le genre. Édith Piaf doit beaucoup à Raymond Asso. Ce dernier, dés leur rencontre, prit en charge la carrière de la chanteuse. Cependant il fallait une interprète de cette trempe pour mettre en valeur les mots d’un parolier dont l’inspiration s’accordait parfois avec un exotisme propre à ces années de référence (celui attaché à la légion, plus particulièrement).

Asso continuera d’écrire après la guerre pour d’autres interprètes sans pour autant renouveler les réussites des années trente (à la remarquable exception de Comme un p’tit coquelicot, créée par Mouloudji). Un passage comme chansonnier par “Le Caveau de la République” lui vaut en 1946 un article enthousiaste d’un jeune rédacteur du journal “Le Libertaire”, un dénommé Georges Brassens : “En quittant le Caveau de la République, on éprouve le besoin de crier son enthousiasme, de s’élever au-dessus de soi même, de hurler son mépris au poison politique, à l’armée, à la bassesse, à la lâcheté ; et l’on suppose qu’une douzaine de Raymond Asso suffiraient à faire que les pavés de la chaussée s’arrachent d’eux-mêmes et d’eux-mêmes s’érigent en barricade”.

En définitive, Raymond Asso aura écrit deux chansons qui font partie du meilleur du patrimoine de la chanson française du XXe siècle (Mon légionnaire et Comme un p’tit coquelicot), auxquelles on ajoutera Elle fréquentait la rue Pigalle (l’une des plus belles interprétations de Piaf) et Tout fout le camp (revisitée avec bonheur par Juliette dans les années 90).