BOURVIL (André)

Dans la lignée d’un Dranem, Bourvil remet au goût du jour la “chanson idiote” au lendemain de la Libération. Les crayons le font connaître, puis A bicyclette, C’est l’piston et La tactique du gendarme imposent son personnage de benêt ahuri, ses mauvais jeux de mot et son rire de crécelle (c’est d’ailleurs ce rire qui rend La dindon dodue à ce point hilarante). Le cinéma s’en empare. Bourvil reprend à l’écran son personnage : mais dans des films médiocres qui ne facilitent pas la mise à distance. Longtemps après, le “premier Bourvil” séduira un nouveau public (il semblerait que la reconnaissance posthume envers Boby Lapointe en soit en partie la cause) : au point même de faire des Crayons, A bicyclette et autre Tactique du gendarme des chansons cultes !

Second point commun avec Dranem, Bourvil s’essaye ensuite à l’opérette. Pourtant le “second Bourvil” que l’on retient date de La balade irlandaise. Bourvil passe ainsi de la “chanson idiote” à un tout autre répertoire : l’acteur (à qui on reconnaît alors un certain talent dramatique) ayant préparé le terrain. Bourvil crée Berceuse à Frédéric, Salade de fruit, Ma petite chanson, Mon frère d’Angleterre, C’était bien, La tendresse : des chansons qui se situent à des années lumières des titres des années quarante. A partir de l’époque yé yé la carrière cinématographique de Bourvil prend définitivement le pas sur celle du chanteur.