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CABREL (Francis)

Certes Petite Marie (extraite du premier album de Cabrel) avait été remarquée, puis Je t’aime à en mourir (deux plus tard) devenait l’un des tubes de l’année 1979. Pourtant comment expliquer un succès qui ne s’est pas ensuite démenti, bien au contraire (L’encre de tes yeux, C’est écrit, Répondez-moi, Sarbacane, La dame de la Haute-Savoie, Hors saison, Ce monde est sourd), et la place de ce chanteur-auteur-compositeur dans le monde de la chanson de cette fin de siècle. Francis Cabrel, sur le plan musical, a maintenu le cap d’un folk-rock de bonne facture (et il sait s’entourer de musiciens de qualité). Coté textes on dira que son répertoire se partage entre des chansons d’amour à la mode de ce temps, et d’autres renvoyant à un engagement de type citoyen ou qui témoignent des interrogations du chanteur devant l’époque. Ceci restant cependant dans un registre modéré. Même quand Cabrel hausse le ton (La corrida) il ne faut pas s’attendre à retrouver le Brel des Toros. Mais après tout ce n’est pas ce que lui demande son public. Sinon Cabrel ne serait pas l’un des principaux vendeurs de disques des vingt dernières années de ce siècle.


CAIRE (Reda)

La carrière de ce chanteur de charme (qui est à son contemporain Jean Sablon ce que Berthe Sylva, dans un autre genre, est à Frehel) culmine avec Les beaux dimanches de printemps et Si tu reviens.


CANDIDO (Maria)

En retenant trois noms de chanteuses “exotiques” (parmi celles qui s’illustrèrent dans le genre durant les années cinquante), on dira de Maria Candido qu’elle est moins connue que Gloria Lasso et Dalida.. Mais elle les précéda dans la carrière : son enregistrement de O Congaceiros datant de 1953. Son répertoire d’ailleurs se confond souvent avec celui de ses deux consoeurs.


CANETTI (Jacques)

Jacques Canetti fait partie de ces “hommes de l’ombre” sans qui la chanson française ne serait pas exactement ce qu’elle deviendra dans les lendemains de la Libération et durant les années 50. Après avoir répondu à l’annonce “On cherche jeune homme aimant la musique”, le jeune frère de l’écrivain Élias Canetti rejoint en 1931 la firme Polydor. Devenu drecteur artistique de cette maison de disques, Canetti va prendre également la direction des programmes de Radio Cité. Après la guerre il rachète le théâtre des Trois Baudets et y fait débuter Henri Salvador, Jacqueline François, Raymond Devos, Mouloudji, Fernand Raynaud, Juliette Gréco, Georges Brassens, Catherine Sauvage, Jacques Brel. On lui doit la découverte de Félix Leclerc. Canetti devient directeur artistique chez Philips. Il sera plus ou moins à l’origine de la carrière des Philippe Clay, Ricet-Barrier, Guy Béart, Boby Lapointe, Leny Escudero, Jacques Higelin, Jeanne Moreau, Serge Reggiani (ces deux derniers dans le domaine de la chanson).


CAPDEVIELLE (Jean-Patrick)

Une chanson remarquée (Quand t’es dans le désert), d’autres ensuite (Oh Chiquita, Barcelone, 40° à l’ombre). Il aura manqué pas grand chose à Jean-Patrick Capdevielle pour s’imposer plus durablement. Higelin l’avait précédé, et Bashung commençait sa véritable carrière (deux chanteurs à qui Capdevielle pourrait être comparé) : ce qui n’est pas rien, tout de même.


CAPRI (Agnès)

Comédienne de formation, femme engagée, membre de l’Association des Artistes et Écrivains révolutionnaires, Agnès Capri chante Prévert et Kosma (Embrasse moi) dés 1935. Première interprète (en même temps que Marianne Oswald) à les chanter, elle sera un peu plus tard la créatrice de Quand tu dors et La pêche à la baleine. Agnès Capri, alors proche du groupe “Octobre”, ouvre un cabaret en 1938. Recherchée par la police de Vichy la chanteuse s’installe en Algérie. De retour en métropole, après la Libération, son cabaret “le théâtre d’Agnès Capri” devient l’un des lieux du renouveau de la chanson française.


Capri c’est fini (Hervé Vilard)

Une mélodie accrocheuse (ou simplissime), un refrain que l’on retient dés la première écoute : cela suffit-il pour expliquer le succès de Capri c’est fini, tube de l’été 1966, et qui se retrouvera une dizaine d’années plus tard en tête du hit-parade ? Passe la première fois, mais la seconde !. Pourtant pour Marguerite Duras il s’agirait de “la plus belle des chansons d’amour” (elle persistait et signait dans “Yann André Steiner” en écrivant : “Chaque fois à pleurer, à fuir, à mourir parce que Capri a tourné avec la terre vers l’oubli de l’amour”). Mais qu’écoutait donc Duras en matière de chanson pour parler en ces termes de cette insignifiante bleuette ? La dernière victime collétérale serait Éric Besson (épinglé par un humoriste au sujet de son voyage de noces aux frais du contribuable : “Capri, c’est gratuit. Et dire que le billet est à 3000 euros “).


CARADEC (Jean-Michel)

Un second album en 1974 (Ma petite fille de rêve, La colline aux coralines) installe Jean-Michel Caradec dans le peloton de tête des espoirs de la chanson française. Sa voix, son registre folk, et certains des thèmes de ses chansons l’apparententent au Maxime Leforestier de l’époque. Cadadec va continuer à creuser ce sillon (Ile, La liberté, Portsall) sans pour autant renouveler le succès de Ma petite fille de rêve. Un album sorti en 1976 (“Jean-Michel Caradec chante pour les enfants”) témoigne d’un regard et d’une sensibilité propres à l’auteur sur le monde de l’enfance. Son premier disque comportait l’une de ses meilleures chansons (La complainte pour un enfant) trop chargée cependant sur le plan orchestral. Caradec l’enregistre à nouveau en 1981, l’année de la disparition du chanteur, en ne conservant que deux guitares : et c’est surprenant, èmouvant même. La voix de Jean-Michel Caradec s’est tue trop tôt.


CARCO (Francis)

Francis Carco n’a pas écrit que Le doux caboulot. Plusieurs poèmes de Monsieur Francis furent mis en musique par Léo Daniderff (Madame Coco, C’est dégueulasse, Soi même java), Maurice Yvain (Paris Béguin), Varel et Bailly (L’orgue des amoureux, chantée par Édith Piaf), Jacques Larmenjat, l’immortel compositeur du Doux caboulot (et de Chanson tendre, autre petit chef d’oeuvre : “Et je rentrai, l’âme lasse / Chercher ton nom dans la glace / Juste à la place où s’efface / Quoiqu’on fasse / Toute trace... / Mais avec un pauvre rire / J’ai cru lire : après tout / On s’en fout “). Nul n’excelle comme Carco dans la description d’un monde en train de disparaître, celui de la jeunesse de l’écrivain : ce Paris revu et corrigé par la verve poétique de Monsieur Francis, un Paris que les romans de Carco célèbrent dans l’entre-deux guerre.


CARLI (Patricia)

Il parait difficile de ne pas citer la “chanson culte” de Patricia Carli, un succès de l’année 1963 : ce Demain tu te maries qui reste dans la mémoire collective. On estimera, selon les points de vue, qu’il s’agit d’un risible et ridicule mélodrame (la victimisation de la femme étant ici élevée au niveau du grotesque) ou d’un erzatz de chef d’oeuvre kitsch. Des appréciations renforcées par l’interprétation “chargée” de la chanteuse avec son fameux “Arrête, arrête, ne me touche pas ! “. Patricia Carli se mettra ensuite au service de ses confrères masculins en écrivant Oh Lady Mary pour David-Alexandre Winter, et La tendresse pour Daniel Guichard.


CARLOS

Une bouille, de la gouaille, de l’embonpoint, des amis connus et des chansons potaches (ou gentiment débilettes : Senor Météo, Big bisou, Le bougalou du loup-garrou) ont popularisé le fantaisiste Carlos sur le petit écran. Après la “cour de récréation” Carlos passa dans celle des “Grosse têtes”. La chanson s’en est remise.


CAUSSIMON (Jean-René)

Jean-René Caussimon chantait et récitait ses poèmes au cabaret “Le Lapin Agile” en 1948, quand un inconnu nommé Léo Ferré vint lui demander l’autorisation de mettre de la musique sur les vers de A la Seine. C’est le début d’une collaboration d’où naîtront Monsieur William, Mon Sébasto, Mon camarade, Le temps du tango, Nous deux, et leur chef d’oeuvre, Comme à Ostende. Parallèlement Caussimon écrit pour d’autres interprètes (parmi lesquels Philippe Clay, Bleu... blanc... rouge, La java de la Varennes). A l’incitation de Pierre Barrouh, Jean-René caussimon enregistre un disque en 1970. Cinq autres albums paraitront durant les années soixante-dix. Caussimon remporte un succès d’estime autant dû aux chansons de son nouveau répertoire (en particulier Les coeurs purs, Musique légère, Il fait soleil, sur des musiques d’Eric Robrecht) qu’à la reprise des titres écrits avec Ferré. Au fil des ans le propos de Jean-René Caussimon devient plus ouvertement contestataire (Les milices, Enfant vous n’avez plus de rose, Le gauchisme à la mode). Soit le climat de l’album (Les loubards) sorti en 1985 par Léo Ferré (mettant en musique et chantant les derniers textes de Caussimon, la maladie ayant empêché ce dernier de les interpréter).


Ca va ça vient (Boby Lapointe)

Il s’agit d’un Boby Lapointe plutôt inattendu. Les lapointistes les plus fervents avouent un faible pour cette chanson. On pourrait dire que Boby perce ici sous Lapointe. La pointe en question visant le coeur d’une femme qui (maintenant) : “Bat au rythme du fric / Vit à l’ombre des flics “. Ca va ça vient, comme dit la chanson. Cela permet de mieux situer Boby Lapointe, socialement ou politiquement parlant. Ce qui n’est pas véritablement un scoop pour les lapointistes de longue date, mais mérite d’être souligné.


Ce petit chemin (Jean Nohain - Mireille).

Pièce maîtresse d’un cycle (“Un mois de vacances”) conçu par Jean Nohain, Ce petit chemin plus que Couchés dans le foin renouvelle la chanson française en ce début des années 30. La mélodie, qui nous semble aujourd’hui l’évidence même (alors qu’en 1932 elle intégrait le bagage musical d’une Mireille qui revenait de Broadway) s’accorde avec un texte de même accabit. On y flâne sur un mode souriant, un rien poétique (“Ce petit chemin... qui sent la noisette / Ce petit chemin... n’a ni queue ni tête ). On subodore que les trois vers suivants (“J’ai posé / Trois baisers / Sur tes cheveux frisés “) ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd : celle de Charles Trenet en l’occurrence.


C’est peut-être (Allain Leprest - Richard Galliano)

Sans doute la meilleure chanson d’Allain Leprest. Elle évoque ces gamins qui ne seront jamais Mozart, ni Colette (“C’est peut-être Colette / La gamine penchée / Qui recompte en cachette / Le fruit de ses péchés / Jamais on le saura / Elle aura avant l’heure / Un torchon dans les bras / Pour se torcher le coeur ), ni Brel, ni Cerdan, ni Jésus, parce que... n’est ce pas. Un concentré de cette humanité qui est la nôCotre en cinq tableaux et trois minutes. Comme souvent Leprest trouve chaque fois le mot juste. Et il est magnifiquement accompagné par l’accordéon de Richard Galliano.


Cet enfant que je t’avais fait (Brigitte Fontaine - Jacques Higelin)

Cette chanson écrite et interprétée par Brigitte Fontaine et Jacques Higelin, à l’aube de leurs carrières respectives, raconte l’histoire étrange d’un homme demandant à une femme amnésique ce qu’est devenu l’enfant qu’il lui avait fait. Les deux personnages ne se répondent pas, leurs voix se perdent : l’une dans ce questionnement sans réponse, l’autre dans son désir d’un homme qu’elle ne reconnait pas et dont elle finit par se lasser. Le “Que disiez-vous ? “ de la femme donne la mesure du malentendu. L’orchestration de la partie choriste (excellente, due à Jean-Claude Vannier) évoque la musique de Jean-Sébastien Bach. Une chanson belle, grave, singulière, et même bouleversante.


Ces gens là (Jacques Brel)

Peut-être le chef d’oeuvre de Jacques Brel. On ne sait s’il faut d’abord louer l’art du portrait, la cruauté du trait, les bonheurs d’expression ou la formidable osmose texte-musique. Une histoire racontée par un narrateur qui ne vaudrait pas plus cher que “ces gens là “. Soit une humanité à l’image du pessimisme de Brel (ou de la lucidité, c’est selon) : “Et puis y’a la toute vieille / Qui n’en finit pas de vibrer / Et qu’on attend qu’elle crêve / Vu que c’est elle qui a l’oseille / Et qu’on écoute même pas / Ce que ses pauvres mains racontent / Faut vous dire Monsieur / Que chez ces gens là / On ne cause pas Monsieur / On compte “.


C’est l’printemps (Pierre Perret)

Si c’était un dessin ce serait un Reiser (“La chèvr’ de M’ssieur Seguin demande / Au loup qui a la lippe friande / S’il veut pas la sauter avant “). Mais c’est une chanson qui ne ressemble qu’à du Perret. Un hymne truculent à la nature en rut, aux poussées de sève, à la bébète qui monte et aux joyeux ébats sexuels (“Cendrillon rêve d’avoir un jules / Qui puiss’ comm’ cet’ foutue pendule / Tirer ses douz’ coups en suivant “). N’en déplaise aux pisse-froids, aux rabat-joie, aux bonnets de nuit, aux constipés et autres faces de carême : c’est l’printemps !


CHAMFORT (Alain)

Révélé au grand public par le tube Manureva en 1978, Alain Chamfort va rester sur cette vague en alignant une série de succès qui “surfent” sur les modes de l’époque. On a été jusqu’à parler d’élégance ou de raffinement à son sujet. L’exemple même d’un chanteur surrévalué.


CHANSON PLUS BIFLUORÉE

Ce quatuor comique formé dans la seconde moitié des années 80, devenu trio en 1997 (Xavier Cherrier, Michel Puyau, Sylvain Richardot) s’est surtout fait connaître sur scène à travers un répertoire de chansons parodiques ou des pastiches de succès. Ce qui explique sans doute un hiatus entre prestations scèniques et production discographique (qui supporte pourtant la comparaison) : la réussite ici ou là ne s’attachant pas aux mêmes titres. Dans leur disque le plus abouti (“Jobard”) on peut décliner les nombreuses facettes des talents de Chanson Plus Bifluorée : la parodie de chanson flamenco (Jobard), canadienne (Histoire de la fille qu’avait plus d’doigts), de rap (Les boeufs), de série télévisée (l’excellente Champion l’amour), un pastiche des Trois cloches (Chomage au fond de la vallée), la reprise d’une chanson de la Bolduc (J’ai un bouton su’ l’bout d’la langue) et celle de l’immortelle Sous les palétuviers créée par Koval et Pauline Carton. James Joyce est même crédité comme compositeur de la chanson Les huitres !


CHARLEBOIS (Robert)

Il suffit parfois de traverser l’Atlantique. C’est ce qu’a fait à l’automne 1968 un chanteur (et compositeur) quebecois inconnu du nom de Robert Charlebois. Ses concerts à l’Olympia (avec le concours de la chanteuse Louise Forester) ne passent pas inaperçus. Parmi les titres remarqués (dont La Californie, La marche du Président), la chanson Lindberg attire plus encore l’attention. Sur un texte délirant de Claude Peloquin, bénificiant d’une interprétation folingue du couple Charlebois/Forestier (sans parler de l’accompagnement des musiciens du Nouveau jazz libre du Quebec !), Lindberg casse la baraque : cette cabane canadienne que l’on croyait pourtant solide, mais avec un tel vent de folie ! Le disque suivant (Les ailes d’un ange, Te v’la, Tout écartillé) apporte la confirmation du talent de Charlebois. La livraison qui suit, celle de 1970, représente un second temps fort dans la carrière du chanteur. Outre le celèbre Ordinaire (musicalement très réussi), l’ébouriffant Mon pays ce n’est pas un pays c’est un job permet de prendre connaissance d’un nouveau Quebec (du moins en chanson) : plus diversifié, plus urbain, davantage branché sur la culture made in USA. A condition de bien maîtriser son joual ! (texte de Rejean Ducharme) : “Ca arrive en manifacture / les deux yeux fermés ben durs / les culottes pas zipper, en retard / Ca dit que ça fait un flat / Ou que le char ne partait pas / Ca prend tiute pour entrer / Sa carte de punch dans slot de la clock “.

Même s’il ne reste pas sur ces sommets, Robert Charlebois, tout au long des années soixante-dix, alterne non sans bonheur ballades (Le piano noir, Je reviendrai à Montréal, Cartier), rock déjantés (Le mur du son, Entre deux joints, The frog song) ou humoristiques (Tu mu chu, Manche de pelle) sur des textes de Ducharme, Sabourin, Thibon, Mouffe ou Charlebois. La carrière du chanteur québécois ne s’arrête pas au seuil des années quatre-vingt, mais Charlebois donne de ses nouvelles plus irrégulièrement. On remarque que ses nouveaux auteurs (Plamondon, son fils Jean) ne valent pas les anciens (toujours présents cependant). Le disque “Maudite tournée” (enregistré en public en 1995) prouve si besoin était que Robert Charlebois n’a rien perdu du coté de l’énergie ni son humour.


CHARLES ET JOHNNY

Ce duo (Charles Trenet pour les textes, et Johnny Hess pour la plupart des mélodies) connut trois ans d’existence avant que Trenet ne tire sa révérence pour cause de service militaire. Sur le Yang-tsé-kiang et Maman ne vend pas la maison sont à extraire parmi une liste de chansons qui, malgré tout, ne permettent pas d’augurer de la future carrière de Charles Trenet (à l’exception cependant de Tout pour le duc).


CHARLOTS (Les)

Une chanson gag, Je dis n’importe quoi, je fais tout ce qu’on me dit (pastiche d’une chanson d’Antoine dont ils sont alors les accompagneurs sur scène sous le nom “les Problèmes”), signe la création du groupe comique les Charlots. Dans un style apparenté à celui des Brutos, les Charlots vont se partager entre des parodies (Les plaies bois, Hey max), des charloteries (Elle a gagné le yoyo en bois du Japon, Paulette la reine des paupiettes, Albert le contractuel, Les nouilles, Merci patron, Sois érotique), des reprises du caf’ conc’ (Le trou de mon quai, Sur la route de Penzac) et de Boris Vian (On est pas là pour se faire engueuler). Le départ en 1972 de Luis Rego, et la priorité accordée à la (médiocre mais juteuse) carrière cinématographique des Charlots relèguent au second plan le groupe vocal.


La chasse (Henri Tachan)

Cette chanson reste d’actualité si l’on en croit le score (trop) élevé de la liste “Chasse, pêche et traditions” aux européennes de 1999. Il serait souhaitable d’adresser le texte de cette chanson aux nombreuses sociétés de chasse qui sévissent dans l’hexagone. Il n’est pas interdit non plus d’entonner ce refrain (en ayant auparavant pris la précaution de se situer à proximité de la sortie) lors du banquet organisé annuellement par l’amicale des chasseurs du cru. Pour ceux qui l’auraient oublié, nous le reproduisons ci-dessous : “La chasse / C’est le défoul’ment général, c’est la soupape des frustrés / La chasse / C’est la guéguerre permise aux hommes en temps de paix “. En y ajoutant les vers suivants, (“Pour le chasseur français y’avait le perdreau-boche et le lièvre-fellouze / Pour le chasseur franquiste l’anarchiste rouge-gorge et la chienne andalouse “) pour compléter le tableau.


CHATS SAUVAGES (Les)

Seul groupe contestant le leadership des Chaussettes noires sur la nouvelle scène “rock” française, les Chats sauvages enregistrent un premier 45 t en 1961. Cinq autres suivront (Hey Pony, Sous le ciel écossais, Twist à Saint-Tropez, C’est pas sérieux), avant le départ de Dick Rivers fin 1962, remplacé par Mike Shannon. Les Chats sauvages connaitront encore le succès avec Derniers baisers, puis déclineront pour finalement se dissoudre en 1964.


CHAUSSETTES NOIRES (Les)

Parrainé par les chaussettes Stemm (d’où le titre du groupe) les Chaussettes noires apparaissent sur la nouvelle scène “rock” en 1960 et deviennent rapidement le groupe français le plus populaire (Tu parles trop, Be bop e lula, Danièla, Eddie sois bon, Dactylo rock, Ne délaisse pas, et avec Maurice Chevalier Le twist du canotier). Le chanteur Eddy Mitchell ayant quitté le groupe en 1963 pour faire cavalier seul les Chaussettes noires sortiront deux 45 t sans grand écho avant de se dissoudre.


CHEDID (Louis)

Le titre qui en 1977 révèle Louis Chedid (La belle) laissait augurer un Paolo Conté français. C’est pourtant plutôt l’éclectisme qu’évoque son répertoire : coté musiques surtout (de la Méditerranée aux tropiques). La nonchalance et l’aspect cool qui caractérisent le chanteur laissent place de temps à autre à des chansons comme Anne ma soeur Anne, plus graves. Mais on sait que le public réclame à Louis Chedid les T’as beau être beau et Ainsi soit-il qui ont d’abord fait son succès.


CHELON (Georges)

A contre courant de la vague dominante, Geoges Chelon se fait connaître avec Le père prodigue : la voix est posée, bien timbrée, et se trouve mise au service d’une conviction qui emporte l’adhésion. De disque en disque, durant cette seconde moitié des années soixante, Chelon s’installe dans le paysage de la chanson française. Son répertoire, depuis Morte saison (“Morte saison / Elle a mis mon coeur en jachère / Elle a pensé que de ma terre / Ne sortirait rien de bon “, malheureusemement desservie par l’accompagnement musical), jusqu’au minimaliste Prélude (où l’alchimie texte/musique fonctionne à merveille), en passant par des chansons de moindre facture (Comme on dit, Girouette, Sampa, Nous on s’aime) qui apportent néanmoins une touche supplémentaire à la palette du chanteur, classe Chelon parmi les “classiques modernes” (si l’on peut se permettre cet oxymore) de la chanson française. On peut parfois trouver à Chelon un coté par trop lisse : en en exceptant Soliloque, qui casse un peu l’image du chanteur. Plus en retrait par la suite, Georges Chelon continue d’écrire des chanson de “bonne qualité” (telle l’étrange Au long du fil de l’eau) sans pour autant retrouver la veine des Père prodigue, Morte saison et autre Prélude.


C’est plus pareil (Mano Solo - Éric Bijon)

Déjà, en entendant l’accordéon (soutenu par le piano) d’Éric Bijon, qui indroduit C’est plus pareil, le ton est donné. Il fallait une telle musique, déchirante, pour que Mano Solo puisse y loger sa voix et en préciser les enjeux : “J’ai tellement parlé de la mort / que j’ai cru la noyer / la submerger de ma vie / l’emmerder tant et tellement / qu’elle abandonne l’idée même / de m’emmener avec elle “. Des mots à la hauteur de la musique, de cette émotion, de ce bouleversement. Des mots hurlés plus que chantés : “ Faut que tu y passes comme tous les autres / Tu as pu blouser les hommes mais pas ton destin / T’as noyé le poisson mais son odeur dégueulasse ne t’as jamais quitté “. Et pourtant, il y aurait comme une éclaircie, vers la fin. Mais gageons que les porcs ici et là n’y entendent rien.


CHEVALIER (Maurice)

La carrière de Maurice Chevalier entamée en 1899 (à l’âge de 11 ans) ne prend vériblement son essor qu’au lendemain de la Première guerre mondiale avec l’opérette “Dédé” (la prémonitoire Pour réussir dans la chanson, et le premier des grands succès de Chevalier, Dans la vie faut pas s’en faire). La notoriété de Maurice Chevalier remontait certes aux années 1910, mais restait associée à Mistinguett, sa partenaire. Après la guerre Chevalier (tout comme Mistinguett) incarne la modernité dans le monde de la chanson. Le chanteur représente d’une certaine façon l’envers masculin de la miss (dont il se sépare) : fantaisie, gouaille, décontraction, et des auteurs qui savent lui trousser des couplets à la mesure de ses prestations scéniques. Cependant, contrairement à Mistinguett (midinette pour l’éternité !) Chevalier va composer un personnage mi distingué (le smoking), mi populaire (le canotier). D’autres succès (Valentine, Dites moi ma mère, C’est Paris !) mettent Maurice Chevalier tout en haut de l’affiche.

Après une longue parenthèse américaine (entre 1928 et 1935, durant laquelle le chanteur au canotier crée Paris je t’aime d’amour), Chevalier accumule les succès durant la seconde moitié des années trente (Prosper, Le chapeau de Zozo, Ma pomme, Ah si vous connaissiez ma poule, Ca s’est passé un dimanche, Paris sera toujours Paris). La Seconde guerre mondiale fait entendre un autre son de cloche : Ca sent si bon la France et La chanson du maçon datent de 1941. Cette contribution au pétainisme (La marche de Ménilmontant renvoyant elle au Chevalier de l’avant guerre) et son attitude “collaborationniste” rendent Maurice Chevalier personna non grata aux lendemains de la Libération. L’intervention (parmi d’autres) de Thorez et d’Aragon en faveur de Chevalier s’avère décisive : notre “Maurice national” n’est pas inquiété et peut ainsi poursuivre sa carrière. Mais rien désormais ne sera plus comme avant. Maurice Chevalier ne tient plus le devant de la scène française (son répertoire a brusquement pris un coup de vieux) mais va représenter une certaine tendance de la chanson française à travers le vaste monde. Un dernier succès, Le twist du canotier (avec les Chaussettes noires) lui permet de se faire adouber à 74 berges par les yé yé. La boucle est bouclée, en quelques sorte.

Boris Vian a écrit : “Chevalier, c’est le métier le plus sensationnel du music-hall : il arrive à donner corps au vide absolu que sont certaines de ses chansons”. Ce qui est bien vu, et confirme si besoin était la place éminente de Maurice Chevalier dans l’histoire du music-hall de ce siècle. Sur son répertoire, en revanche, on sera réservé à très réservé.


CHRISTINÉ (Henri)

L’un des plus prolifiques compositeurs de la première moitié du siècle. Henri Christiné a collaboré avant la “Grande guerre” avec Fragson (on leur doit l’un des plus gros succès de la “belle époqueé, Reviens) avant de devenir l’un des compositeurs attitrés de Maurice Chevalier (souvent associé au parolier Albert Willemetz) : Dans la vie faut pas s’en faire et Valentine, entres autres. Christiné a également écrit les musiques de Elle est épatante cette petite femme là et C’est une gamine charmante.


CHRISTOPHE

Christophe se fait connaître en 1965 (avec Aline, succès de l’été, tout comme Capri c’est fini) et enchaîne les tubes : Les marionnettes, Adieu monsieur le professeur, Cette vie là. Mais là où d’autres gèrent ce patrimoine (avec le risque de disparaitre ou de devenir un produit télévisuel), Christophe évolue à partir des années soixante-dix dans un registre “pop music” plutôt inusité dans l’hexagone. L’album “Les paradis perdus” amorce le processus. Puis trois albums (qui au fil des années tendront à devenir “mythiques”) vont représenter ce qui se fait de mieux en France dans le genre à l’époque (Manset évoluant dans une autre catégorie). C’est d’abord “Les mots bleus” : avec la chanson titre, aux indéniables qualités mélodiques, mais aussi l’emblématique Senorita, ou encore Le dernier des Bevilacqua et Drôle de vie. L’album suivant, “Samouraï”, rend hommage aux Beatles (Merci John d’être venu et Tant pis si j’en oublie, en référence ici au God de Lennon) explicitement, et plus implicitement pour Samouraï, Paumé, les trois volets de Pour que demain ta vie soit moins moche où l’on retrouve l’aspect “expérimental” de la seconde face de “Abbey Road”). Quant au “Beau bizarre”, il possède un tranchant qui apparente davantage ce troisième album au rock’n’roll.

Les années quatre-vingt en revanche s’avèrent décevantes. “Pas vu pas pris” (1981) ne convainc pas, et les 45t qui vont ensuite jalonner le reste de la décennie se distinguent peu de la “variété pop” de ces années là. Après une longue période de silence Christophe revient sur le devant de la scène en 1996, avec l’album “Bevilacqua”. Soit le début d’’une “renaissance”, si l’on en croit certains indices, qu’il appartiendra au XXIe siècle de décrire dans le détail.


Le cinéma (Claude Nougaro - Michel Legrand)

L’une des chansons les plus en vue de l’excellent 33 tour qui permit de découvrir Claude Nougaro en 1962. Ce Cinéma n’a pas pris une ride. On pouvait le croire daté, obsolète, bon pour le Musée de la Cinémathèque. Mais non, “sur l’écran noir de mes nuits blanches “, nous revoyons avec toujours le même plaisir l’éternelle histoire de l’amoureux transi se faisant tout un cinéma sur l’élue de son coeur.


CLARK (Petula)

Déjà célèbre en Grande Bretagne, Petula Clark conquiert la France au début des années 60 avec Roméo et Chariot. Son accent, une image “sympathique” et un répertoire relativement varié (Le train de neige, Oh cheriff oh, Que fais tu là Petula, A London, Les colimaçons, La gadoue, Les incorruptibles, les deux dernières étant signées Serge Gainsbourg) lui valent de rester en haut de l’affiche hexagonale en pleine période yé yé. Le succès international de Downtown et l’inflexion donnée alors à sa carrière va progressivement éloigner Petula Clark de la scène française.


CLAVEAU (André)

André Claveau chante depuis le milieu des années trente. Pourtant sa popularité remonte à l’Occupation (c’est la voix masculine de Seul ce soir et Ah ! le petit vin blanc). Les plus grands succès de ce chanteur de charme datent cependant de l’après guerre (La petite diligence, Domino, Cerisiers roses et pommiers blancs, Bon anniversaire). Le style d’André Claveau relève d’un genre quelque peu désuet mais sa voix fit rêver nos grands mères (ou arrières grands mères).


CLAY (Philippe)

Il importe de bien distinguer les deux carrières de Philippe Clay. Durant la première cet ancien comédien campe du coté de la rive gauche. Il chante Vian, Caussimon (La java de la Varenne, Bleu... blanc... rouge, Monsieur William), Fallet-Béart (La gambille), Grassi (Les voyous). Pourtant c’est sur scène que Philippe Clay donne la mesure (ou la démesure) de son talent. Il faut l’avoir vu chanter en public Le noyé assassiné, Festival d’Aubervilliers et surtout Le danseur de charleston pour s’en faire quelque idée. Le chanteur utilise à merveille sa longue silhouette vêtue de noir et ses dons de mime pour illustrer chacune de ses chansons.

Philippe Clay, comme beaucoup, connaîtra une période de traversée du désert pendant les années soixante (signalons cependant l’excellente Incontestablement, malheureusement peu connue). Clay fait un retour remarqué en 1971 dans un registre plutôt inattendu. Mai 68 est passé par là et l’ancien interprète de On est pas là pour se faire engueuler entonne désormais les couplets réactionnaires de La quarantaine et Mes universités (“Mes universités / C’était pas Jussieu, c’était pas Censier, c’était pas Nanterre / Mes universités / C’était le pavé, le pavé d’Paris, le pavé d’la guerre / On parlait peu d’marxisme / Encore moins d’maoïsme / Le seul système, c’était le système D “). Une aventure qui ne finira pas en chansons mais au comité central du RPR.


CLERC (Julien)

Il parait difficile de ne pas distinguer dans la carrière de Julien Clerc, chanteur et compositeur, une période liée au parolier Étienne Roda-Gil (alors au meilleur de sa forme), d’une seconde, plus conventionnelle. La rencontre improbable en 1968 d’un auteur pour le moins inspiré et d’un bon mélodiste (le premier est anarchiste tandis que le second vient des rangs gaullistes) permettait aux premiers disques de Julien Clerc de recueillir un double écho favorable, tant critique que public (La cavalerie, La petite sorcière malade, Ivanovitch, Si tu reviens, Ce n’est rien, Si on chantait). A l’écoute de titres comme Le coeur volcan et La veuve de Joe Stan Murray (un tantinet surréalisants) on ressentait comme un décalage avec le Julien Clerc public (celui affiché sur papier glacé). Après ces brillants débuts le tandem Roda-Gil-Clerc peine à retrouver une telle inspiration. En 1978 Julien Clerc fait appel à d’autres auteurs (dont Jean-Loup Dabadie pour Ma préférence, un gros succès). Désormais le répertoire du chanteur va se révéler plus diversifié (Femmes je vous aime, Melissa, Travailler c’est dur, Coeur de rocker) à travers des collaborations diverses (Le Forestier, Plamondon, Mac Neil...). Un répertoire qui n’a rien de deshonorant, mais rien d’exaltant non plus. Les années Roda-Gil sont loin (malgré une ultime collaboration en 1992 avec l’album “Utile” qui ne change pas cette donne).


Le Clown (Giani Esposito)

A quoi ressemble ce Clown ? A rien que nous connaissions, assurément. Cette chanson intemporelle aurait pu être écrite plusieurs siècles auparavant. Sur quelques accords rudimentaires de guitare écoutons l’histoire du clown. Elle est triste, mais pas tant que la voix qui la chante, déchirante, inoubliable (“S’accompagnant du doigt / Ou quelques doigts / Le clown se meurt “).


Comme à Ostende (Jean-René Caussimon - Léo Ferré)

Le sommet de la collaboration entre Ferré et Caussimon. A cause de cette chanson d’aucuns se déplacèrent jusqu’à Ostende et s’en revinrent... déçus. L’enseignement parait évident. Mieux vaut laisser les chansons dans un coin de l’imaginaire plutôt que de vouloir à tout prix les confronter à l’épreuve du réel. A travers cette mémorable évocation du port belge, la voix puissante de Léo Ferré se souvient de tous les ports du monde, comme s’il fallait pour rameuter ces souvenirs les chanter dans la tessiture d’un chanteur d’opéra.


Comme Rimbaud (Brigitte Fontaine - Olivier Bloch-Lainé)

Choisissez plusieurs poètes connus, puis faites votre portrait en citant un travers ou un défaut propre à chacun d’eux (“Je suis sale comme Rimbaud / Je suis lâche comme Villon / Débauchée comme Hugo / Syphilitique comme Baudelaire / Mais peut-être après tout / N’aimez-vous pas la poésie “). Même procédé avec des écrivains, des peintres, des musiciens et des femmes. Le tout donne une savoureuse chanson interprétée à la “sainte-nitouche” par Brigitte Fontaine.


LES COMPAGNONS DE LA CHANSON (Les)

Edith Piaf revéla ce groupe au grand public en interprétant en leur compagnie Les trois cloches, puis Le prisonnier de la tour. Dans cette période de l’après guerre signalons également leurs versions (réussies) du Galérien et de Mes jeunes années. En 1952 l’arrangeur de la formation, Marc Herrand, quitte les Compagnons de la chanson. Le groupe y perd sur le plan musical et s’oriente définitivement vers la variété. Cela n’empêche nullement les Compagnons de rester en haut de l’affiche : à la fin des années cinquante et au début de la décennie suivante ils ne quittent pratiquement pas le hit parade (avec Alors raconte, Tom Dooley, Allez savoir pourquoi, Le marchand de bonheur, Verte campagne, Le mexicain, Vénus, Qu’il fait bon vivre, La chanson de Lara). Le groupe subit moins que d’autres la vague yé yé mais prend comme “un coup de vieux” durant ces mêmes années soixante. Les Compagnons de la chanson finiront pas incarner un style vieillot et plutôt conformiste. Leur séparation date de 1980.


La complainte de la butte (Jean Renoir - Georges Van Parys)

Le quartier de Paris le plus chanté reste Montmartre. Cette chanson, extraite du film “French cancan” (dont Jean Renoir, le réalisateur, signe les paroles) s’est imposée (avec Rose blanche de Bruant) comme le porte-drapeau du florilège des chansons inspirées par la Butte Montmartre. Sans doute fallait-il avoir souvent emprunté les rues escarpées de ce quartier pour savoir que “Les escaliers de la Butte / Sont durs aux miséreux “. Mais la Butte sans ses escaliers ne serait plus Montmartre. Cette Complainte de la butte se perd dans le souvenir que nous avons du Montmartre d’antan, quand la Butte donnait comme un supplément d’âme à Paris.


CONSTANTIN (Jean)

Auteur (Mon manège à moi, Les pantoufles à papa, Shah shah shah persan), compositeur (Mon truc en plume, Fleur de papillon), auteur-compositeur (Mets deux thunes dans l’bastringue), Jean Constantin est également l’interprète de ces six titres (plus connus pour cinq d’entre eux dans les versions de Piaf, Les Frères Jacques, Zizi Jeammaire, Annie Cordy et Catherine Sauvage). A l’exception, remarquable, des Pantoufles à papa : il fallait voir ici cet homme corpulent se trémousser devant son piano en interprétant cette chanson dont les paroles peuvent être facilement retenues !


CONSTANTINE (Eddie)

Eddie Constantine commence par pousser la chansonnette avant de mener durant plusieurs années une double carrière d’acteur et de chanteur. Dans le milieu des années cinquante il crée Et bailler et dormir, Un enfant de la balle, Cigarettes whisky et p’tites pépées que mettent en valeur son accent et sa décontraction. L’une des chansons de son répertoire, L’homme et l’enfant (interprétée avec sa fille Tina) cassera un temps l’image du “Lemmy Caution de la chanson”.


CONTET (Henri)

L’un des auteurs du “premier cercle” d’Édith Piaf. Leur première collaboration, C’était une histoire d’amour, remonte à 1941. Elle se poursuivra avec, pour les plus connues, Y’a pas de printemps, Padam padam, Bravo pour le clown. Henri Contet a également écrit pour de nombreux autres interprètes : dont Jacqueline François (Mademoiselle de Paris, Bolero), Yves Montand (Le carrosse), Patrice et Mario (Montagnes d’Italie).


COQUATRIX (Bruno)

Le célèbre et médiatique directeur de l’Olympia, personnalité incontournable du music-hall des décennies 50, 60, 70, occulte la carrière, précédemment, de l’auteur mais le plus souvent compositeur de quelques 300 chansons : parmi lesquelles Mon ange et Clopin-clopant, pour ne citer que ces deux là.


CORDY (Annie)

La fantaisiste Anny Cordy se fait connaître du grand public avec Les trois bandits de Napoli. D’autres succès suivront (Bonbons caramels, La balade de Davy Crockett, Fleur de papillon, Docteur miracle) mais c’est surtout par ses prestations scéniques que la chanteuse belge gagne ses galons de vedette. Après des années soixante plus discrètes, Annie Cordy revient en force en 1974 avec La bonne du curé, puis Tata Yoyo. Il fallait des dons de fantaisiste bien affirmés et une réelle présence sur scène pour faire oublier l’indigence d’une partie de son tour de chant !


COULONGES (Georges)

Il semblerait que le romancier ait pris le pas sur le parolier. Georges Coulonges, on l’oublierait, a écrit de nombreuses chansons pour des interprètes très divers. Il a signé l’adaptation (L’enfant au tambour) de l’un des succès de Nana Mouskouri, et est l’auteur de La fête aux copains, Potemkine, La Commune, pour Jean Ferrat.


COUR (Pierre)

Ce parolier capable d’écrire à la fois pour Jean Ferrat (Sainte-Canaille) et Sheila (Love maestro please), a également écrit pour Dalida (Les gitans), Sacha Distel (Oui, oui, oui, oui), Jacqueline Boyer (Tom Pilibi), Petula Clark (A London), Rachel (Le chant de Mallory), Zanini (Tu veux ou tu veux pas).


COUTÉ (Gaston)

Gaston Couté n’est pas oublié. Ce poète beauceron, patoisant et anarchisant, débarque à Paris deux ans avant le début de ce siècle. Il va se produire durant une dizaine d’années comme chansonnier dans plusieurs cabarets de la capitale. Quelques uns de ses poèmes seront mis en musique par Eugène Poncin (Le gâs qu’a perdu l’esprit, reprise par Mayol), Maurice Duhamel (Les mangeux d’terre), Marcel Legay (Va danser, reprise par la môme Piaf, Patachou, Suzy Solidor, Monique Morelli), et surtout Léo Daniderff (La Julie jolie, Jour de lessive). Pour certains textes le chansonnier reprenait une mélodie connue, à l’instar de La jambe de bois (“Il avait un tir’ bouchon / Dans la poch’ de son veston / On s’demande où s’arrêt’ ra / L’audace de ces scélérats “ : ce qui vaudra à Gaston Couté d’être poursuivi pour “outrage à la magistrature”).

Monique Morelli consacre en 1963 un 25 cm à Jehan Rictus et Gaston Couté : Léonardi mettant en musique des poèmes de Couté. Dans les décennies suivantes Gérard Pierron, puis Vania Adrien Sens feront de même. Enfin Bernard Meulian, Marc Robine, Jacques Florencie, Claude Ferron rendront hommage à l’auteur du “Gâs qui a mal tourné” le temps d’un album.


CROISILLE (Nicole)

Nicole Croisille chante (et danse) depuis la fin des années cinquante dans une relative confidentialité lorsque la chanson du film Un homme et une femme (interprétée avec Pierre Barrouh sur une musique de Francis Lai) se retrouve en 1966 sur de nombreuses lèvres (Chabada-bada, chabada-bada ). Le répertoire de Nicole Croisille va alors se partager entre des compositions de Francis Lai (Vivre pour vivre, Killy) et le blues (I’II never leave you, où l’interprète excelle). Changement de registre avec les années 70 : Nicole Croisille rencontre le grand public avec des chansons d’amour du type “romans feuilletons TV” (ou pour “midinettes attardées”, si l’on préfère) : Une femme avec toi, J’ai besoin de toi j’ai besoin de lui, Téléphone moi, Parlez moi de lui). Le succès est là certes, mais on aurait pu imaginer une autre carrière pour cette chanteuse.


Cuisses de mouche (Pierre Perret)

Une chanson populaire dans le meilleur sens du terme. Le répertoire de Pierre Perret, du moins celui des années soixante, proposait quelques pittoresques figures de prolétaires des deux sexes (qui les chantait, sinon Perret ?). Et puis “sa taille est plus mince que la retraite des vieux” (une merveilleuse trouvaille) aurait incité les gouvernements du moment à sérieusement relever le montant des pensions de retraite. Parmi d’autres raisons, bien évidemment. Quarante ans plus tard, dans la conjoncture que l’on sait, cette chanson redeviendrait d’actualité.