DALIDA

Comment trouver la bonne distance avec Dalida ? Sa carrière en tout cas n’a rien de banal. Dalida atteint de suite le sommet du hit parade avec l’un des plus gros tubes des années cinquante, Bambino (une chanson matraquée sur les ondes d’Europe N°1, comme jamais auparavant dans l’histoire de la chanson, sur un mode qui fera recette) et enchaîne succès sur succès (Comme prima, Gondolier, Romantica, Cia cia bambina, Garde moi la dernière danse pour moi). Ce répertoire - les titres sont éloquents ! - ne se distingue nullement de celui des autres chanteuses “exotiques”, les Maria Candido et Gloria Lasso (d’ailleurs toutes trois chantent souvent les mêmes chansons). Pourtant Dalida va rapidement évincer ses concurrentes. Une vague, plus importante, chassant cette vogue exotique au début des années soixante, Dalida prend alors en marche le train des yè yè (T’aimer follement, Itsi bitsi petit Bikini, Achète moi un juke-box, Nuits d’Espagne, La leçon de twist, Petit Gonzalez). Elle le quitte quand la machine s’essoufle pour revenir à un genre plus traditionnel (Le jour le plus long, El Cordobez, Je reviens te chercher, Le temps des fleurs). Au début des années soixante-dix plusieurs gros succès (Darla dirladada, Paroles paroles paroles, Il venait d’avoir 18 ans, Gigi l’Amoroso, J’attendrai) relancent sa carrière. Dalida abandonne la formule récital pour étrenner la tenue de meneuse de revue (le fameux chapeau !). Sa carrière désormais se poursuivra davantage sur scène (relayée par la télévision) qu’à travers le disque.

Les nombreux épisodes douloureux de la vie de la chanteuse, puis sa mort tragique témoignent derrière les paillettes de l’existence d’une autre Dalida. Cependant il ne suffisait pas de reprendre Avec le temps pour changer la donne. Dans ce cas il aurait fallu à la chanteuse un tout autre répertoire, écrit spécialement pour cette Dalida là (comme par exemple pour Frehel ou Piaf). Mais son public, le grand public, l’aurait-il accepté ? Si l’on considère que la figure de Dalida se trouve élevée aujourd’hui à la dimension d’un mythe on répondra par la négative.