FERRER (Nino)

La carrière de Nino Ferrer comporte deux périodes bien distinctes. La première, par delà le succès des Mirza et autre Téléphon (deux titres qui contribuèrent à ranger ce chanteur dans le rayon des amuseurs), prend davantage de relief aujourd’hui avec le recul. On ne prit pas tout à fait la mesure des qualités musicales de Nino Ferrer (celle par exemple d’un rythmin’ the blues hexagonal : que Je veux être un noir exprime et revendique), ni celle de son humour distancié, parfois proche de la loufoquerie (Mao et moa : “Si je suis rapide et rusé / Quand je fais mes Mao croisées / Me dirait un esquimao / C’est grâce à la pensée de Mao “). On trouve également chez Nino Ferrer un goût jubilatoire pour l’énumération : depuis Les cornichons jusqu’à Je vends des robes (la plus réussie du lot), en passant par Mon copain Bismarck et Ho ! Hé ! Hein ! bon.

Nino Ferrer reviens à la chanson en 1972 après trois ans d’absence. L’album enregistré, “Métronomie”, constitue une rupture avec le répertoire des années soixante (à l’instar du titre le plus connu, La maison près de la fontaine). Deux ans plus tard le chanteur signe avec Le sud l’un de ses plus grands succès. Il sortira ensuite plusieurs disques dans une indifférence presque complète. On peut le regretter en raison de la qualité des chansons (sans parler de l’homme, très attachant). Le public qui avait fait le succès de Nino Ferrer durant les années soixante ne se retrouvait sans doute pas dans ce nouveau répertoire. Et celui qui aurait pu s’y intéresser n’en fut pas informé.