FERSEN (Thomas)

En quatre albums Thomas Fersen est devenu l’un des personnages les plus singuliers de la chanson française. Déjà un premier disque (“Le bal des oiseaux”, sorti en 1993), puis un second (“Les ronds de carottes”) confrontaient l’auditeur à un univers où une poésie sans affectation rencontrait un humour “l’air de pas y toucher”. Le tout étant défendu par une voix plutôt sourde, à la limite de l’éraillé. Le troisième album (“Le jour du poisson”), et davantage encore le quatrième (“Quatre”, sorti en 1999) accentuent l’originalité du propos autant sur le plan musical (où Fersen fait preuve d’un éclectisme musical éloigné des tendances dominantes de cette fin de siècle) que par le contenu des textes.

On relève ici une veine animalière déjà perceptible dans le premier disque (Le bal des oiseaux). Fersen la prolonge avec Bucephale, Les papillons, La blatte (“Le jour du poisson”) avant d’en faire la colonne vertébrale du quatrième album : Les malheurs du lion, La chauve souris (“Une chauve souris / Aimait une parapluie / Un grand parapluie noir / Découpé dans la nuit “), Le moucheron (“Ce moucheron / Ce vol brouillon / Ce tourbillon / C’est Cupidon “). Cette veine Fersen la décline sur le mode de la fable (Les malheurs du lion), du conte poétique (La chauve souris), ou de la cocasserie (Le moucheron). Et l’on constate à l’écoute de chansons comme Je suis dev’nue la bonne, Dugenou ou Monsieur (“Dans la paix de son jardin / Il cultive ses roses / Monsieur est un assassin / Quand il est morose “) que Thomas Fersen ne ressemble qu’à Thomas Fersen. Ce qui n’est pas un mince compliment.