FRÈRES JACQUES (Les)

Entre la création de L’entrecôte en 1946, et leurs adieux définitifs (en 1983 à Boulogne-Billancourt), les Frères Jacques ont couvert différents registres de la chanson : depuis des parodies de “morceaux classiques” jusqu’au genre paillard en passant par Bruant (Rose blanche), Prévert (En sortant de l’école, Barbara, La pêche à la baleine), Caussimon (Monsieur William), Golmann (La Marie-Joseph), Ricet-Barrier (Stanislas), Dimey (Quartier des Halles). Les frères Jacques ont également consacré des disques à Jean de La Fontaine et Georges Brassens. C’est cependant sur scène que Les Frères Jacques donnent la pleine mesure de leur talent. Le célèbre costume dessiné par Jean-Denis Malclès (justaucorps, collants, gants, et chapeaux ou moustaches selon les chansons) prend toute son importance dans un dispositif scénique basé sur le mime et la gestuelle, et où chaque chanson se trouve dotée d’une chorégraphie qui le plus souvent recherche l’effet comique. En public des titres comme La queue du chat, Chanson sans calcium, La confiture, Le tango interminable des perceurs de coffre-fort prennent une dimension que le disque ne saurait rendre. Cette donnée à certainement préservé les Frères Jacques d’une désaffection du public durant les années soixante : une période généralement difficile pour la génération d’interprètes apparus au lendemain de la Seconde guerre mondiale. On remarque cependant, au fil des années, que les Frères Jacques présentaient des spectacles renvoyant plus qu’auparavant à l’âge d’or de Saint-Germain-des-Prés. Eux ne changeaient pas, contrairement à l’époque. Leurs prestations scéniques confinaient à la perfection tout en apportant le témoignage d’un art en voie de disparition (voire disparu). On peut se féliciter d’une pareille constance ou considérer que les Frères Jacques appartenaient à un genre démodé. C’est là question de point de vue.