GEORGIUS
Le talent de celui que l’on appelait “l’amuseur public N° 1” s’exerce au dépens des modes ou des travers relevés par Georgius dans la période de l’entre-deux-guerres. Cette veine satirique reste cependant dans un registre “bon enfant” : Triste lundi, Le fils père, Jacky apprend le charleston, Mon heure de swing. Georgius excelle dans la description de situations cocasses, voire loufoque quand le trait se trouve accusé par la verve de l’écriture (La plus bath des javas, Au lycée Papillon, Ça c’est d’la bagnole).
L’abondante production de Georgius contient deux “curiosités”. La première, La noce à Rébécca, flirte avec l’antisémitisme propre aux années 20 et 30. Georgius joue même sur deux tableaux dans le dernier couplet (“L’oncle Schwartz offrit des cigares / Monsieur Smoutz en prit un dar’ dar’ / Mais il dit au moment d’fumer / “J’ai l’bout qu’est pas coupé ! “ / L’pèr’ Mayer cria très fort / “Pas coupé ! C’est tragique / Foutez-moi c’t’homm’ là dehors / C’est un sal’ catholique ! “”). La seconde, créée en 1939 (il faut le préciser), Il travaille du pinceau, est consacrée à Adolf Hitler ! Ce portrait à charge, plutôt réussi, mériterait d’être amputé d’un couplet par trop germanophobe. L’ultime refrain nous fait entendre un son de cloche peu habituel dans la chanson française du moment (“Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! / Il travaill’ du pinceau / Il a besoin, ce gros soufflé / D’être un peu dégonflé / Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! / Il le sera bientôt / Et nous grav’rons sur son tombeau / Ci-gît un beau salaud / Trala la la la / Sous les roses ! “). D’aucuns l’avaient sans doute oublié à la Libération lorsque l’on reprocha à Georgius une trop grande présence sur les scènes de music-hall durant l’Occupation. Ce qui n’avait rien de très original dans une profession ou seule une minorité d’interprètes avait choisi de s’expatrier ou de ne pas se produire en public et sur les ondes de Radio-Paris. Georgius mettra un frein à sa carrière de chanteur pour écrire des romans policiers.