La grande farce (Leny Escudero)
C’est ce que l’on pourrait appeler “une exercice de corde raide”. D’un format inhabituel (cette chanson dépasse les 7 minutes), La grande farce traite de l’un des thèmes les plus célèbres de la légende chrétienne : la passion du Christ. Leny Escudero en fait un personnage ambivalent, hésitant entre le refus du rôle (“Arrêtons maintenant et dis leur s’il te plaît / Oui, dis leur qu’ils me laissent m’en retourner chez moi “), la révolte (“Je vais te faire honte et me pisser dessus / Non ce n’est pas Judas qui m’a trahi le plus / Même trente deniers, la pauvreté est garce / Judas criait famine, Judas marchait pieds nus / Mais toi, dis toi, c’est pour la sainte farce ), la résignation (“Je vais dire les mots, tous les mots que tu veux / Je vais jouer le jeu, je vais faire le signe / Pour que le feu enfin me délivre du feu “, et l’une et l’autre intimement liées (“Soit maudit, soit maudit jusqu’à la fin des temps / Non, te te jure, je n’ai pas dit cela “). Leny Escudero chante avec ses tripes (la mélodie, un envoûtant tango, y participe). Sa voix, plus rauque que jamais, se brise tout à la fin sur le mot “croix” dans un rire de corbeau.