HAILLANT (Bernard)

Cet auteur-compositeur-interprète attachant, conteur à ses heures, humaniste dans le bon sens du terme, a d’abord été accompagné dans un premier temps par le groupe Crèche. De cette première période (la fin des années 60 et les seventies) date trois albums d’une tonalité parfois folkeuse (Je n’ai plus aucune nouvelle). Le troisième disque affiche une couleur mélanésienne (Donne moi une île, entre autres) sans céder à l’imagerie ou tomber dans l’exotisme. L’enfance est bien représentée dans l’ensemble de la production de Bernard Haillant (J’suis plus un enfant, La petite fille du cinquième : “La pt’te fille / du cinquième / a été enfermée / l’avait mis l’feu / aux cheveux / de sa poupée “). Sans être un “chanteur engagé” Haillant sait hausser le ton (Ça fait grincer les dents) et chanter à hauteur d’homme (Je vis en négritude) ou d’ironie (Big bang boum boum). Des incursions du coté de la cantate (Berceuse croque lune) ou de l’oratorio (l’ambitieux album “Remonte la source”, un “cri-poème symphonique”) excèdent le format chanson. Ce répertoire qui couvre le dernier tiers du siècle se trouve défendu par une voix chaleureuse, convaincante, et par des musiques parfois venues du bout du monde ou du fond des âges. Sur ce chanteur singulier, citoyen du monde, sensible à la douleur des hommes, Jacques Vassal a écrit les mots suivants : “Quelque soit le nom de l’aliénation, Bernard Haillant se sera jamais dupe. Il a payé le prix fort pour devenir un homme libre”. Haillant venait de décéder en 2002.