J’habite à Drancy (Pierre Philippe - Philippe Dubosson)
Il existe très peu de chansons capables, derrière la pertinence du propos ou la justesse du trait, de provoquer une émotion comparable à celle que procure l’écoute de J’habite à Drancy. Pierre Philippe nous entretient de Drancy et chacun sait de quoi il en retourne. Pourtant, par delà les fantômes que convoque la chanson (“Dors toi le vieil antiquaire adossé au frigo / Toi tailleur du sentier que la terreur habite / Dors toi le Polonais et toi le Parigot / Et toi le doux poète Max si tu peux reposer “), J’habite à Drancy traite plus généralement de la condition humaine : de celle qui a conduit la barbarie nazie et la police vichyste à déporter les dizaines de milliers de Juifs détenus à Drancy, et de cette autre barbarie, plus douce celle-là, qui “bouffe la jeunesse” des populations “concentrées” dans des cités HLM à Drancy (ou ailleurs). “Moi j’habite à Drancy / A la cité de la Muette / On peut dire que j’ai de la chance “. Quelle chance en effet ! A cette réussite (même si ce mot parait insuffisant pour évoquer l’une des plus grandes chansons de ce siècle) il faut associer le compositeur Philippe Dubosson, l’arrangeur Matthieu Gonet, et bien entendu l’interprète Jean Guidoni.