KENT

L’ancien chanteur du groupe Starshooter délaisse peu à peu le rock (“A nos amours” en étant le dernier témoignage en 1990) pour une chanson plus traditionnelle dans sa facture que dans ses intentions. Le premier album de cette série, “Tous les hommes”, l’illustre avec Je suis un kilomètre, On fait ce qu’on peut, L’idole exemplaire. Le disque suivant, “Un autre Occident”, marche sur ces brisées (on y distingue Quand on pense à Java, où Kent reçoit le renfort de Chanson Plus Bifluorée). “Nouba”, ensuite, fait une incursion du coté de la musique arabo-andalouse. Changement de décors avec Métropolitain (1998) : Kent surprend en revenant à une chanson plus rock. La forte unité qui se dégage de cet album l’apparente à un disque concept : celui de “métropolitain”, justement.

On peut se demander pourquoi un garçon aussi talentueux que Kent est resté relativement en retrait durant les années quatre-vingt-dix. Parce que le chanteur revenant à quelques uns des fondamentaux de la chanson française se situait à contre-courant du courant dominant ? Pas vraiment : cela correspondait à une “certaine tendance” à l’époque dans le petit monde de la chanson dite alternative. Alors ? Sans doute manque t-il à Kent (qui sait écrire des chansons) une véritable originalité. Et puis, compte tenu des thématiques de ses chansons, on aimerait qu’il mette davantage les pieds dans le plat. Kent décrit le monde qui nous entoure sans prendre réellement parti (sauf cas extrême). De là à identifier le chanteur à Juste quelqu’un de bien (écrite pour Enzo Enzo) il n’y aurait qu’un pas.