LAMA (Serge)

Tout avait pourtant bien commencé avec le premier disque, qui comprenait l’autobiographique Les ballons rouges (“Et je n’ai pas vu dans l’Histoire / Quelque guerrier ou quelque roi / Assoiffé de règne et de gloire / Qui soit plus orgueilleux que moi “). Et même après : Le temps de la rengaine laisse augurer le meilleur, et D’aventure en aventure cultive non sans talent une veine brélienne. Lama ne manque pas de présence, ni de conviction, et se trouve doté d’une voix qui sert l’une et l’autre. En plus il sait écrire des chansons. Alors comment expliquer cette évolution vers plus de facilité, d’effusion virile, d’auto-satisfaction, de bravache ? Le succès ? La capacité de pouvoir remplir des grandes salles de spectacle ? Un narcissisme impénitent ? Superman peut encore passer pour une plaisanterie, et les couplets des Petites femmes de Pigalle s’avérent pas trop mal troussés. Mais le seul intérêt du mélodramatique Je suis malade est de mettre en valeur la puissance vocale de l’interprète. Avec L’Algérie Lama devient franchement déplaisant. On ne sait pas s’il faut qualifier de pire ou de grotesque le “Napoléon” qui s’ensuivit. Cette expérience n’a pas porté chance à Serge Lama car notre “chanteur à voix” semble avoir disparu de la production discographique, sinon du music-hall à la fin du XXe siècle. Alors : Elbe ou Saint-Hélène ?