LE GLOU (Jacques)

Jacques Le Glou est l’auteur du titre “immortel” de la une d’un “Monde libertaire” de l’automne 1966 : “Deux grands malheurs pour la pensée honnête en France : André Breton est mort et Louis Aragon est toujours vivant”. En 1974 il produit un disque intitulé “Pour en finir avec le travail : chansons du prolétariat révolutionnaire”. Cet album représente la seule contribution gravée dans la cire des situationnistes à la chanson (on sait que Guy Debord appréciait les adaptations faites des poèmes de Mac Orlan, ainsi que le répertoire de Monique Morelli, plus particulièrement le disque consacré à Villon). Les 9 titres du disque sont comme il se doit des détournements dans la plus pure veine situ. Les auteurs font appel à des mélodies connues (La mitraillette, par exemple sur l’air de La bicyclette), en conservant parfois le titre original, Il est cinq heures Paris s’éveille (sauf que dans la version de Le Glou “Les maquisards sont dans les gares / A Notre-Dame on tranche le lard “), ou à des musiques appartenant aux patrimoines traditionnel ou révolutionnaire.

La réédition de “Pour en finir avec le travail” en disque compact, 25 ans plus tard, a permis de révéler l’identité des auteurs : Guy Debord (La java des bons enfants, attribuée auparavant à Raymond Caillemin, plus connu sous le nom de “Raymond-la-science”), Raoul Vaneigem (La vie s’écoule la vie s’enfuit), Étienne Roda-Gil (La Maknovstchina), Alice Becker-Ho (Des canons des fusils : “Le vieux monde et ses séquelles / Nous voulons les balayer / Il s’agit d’être cruel / Mort aux flics et aux curés “). Le tout est décapant, réjouissant, subversif et furieusement libertaire. On raconte que Prévert avait bien rigolé en écoutant la nouvelle mouture des Feuilles mortes (“Les bureaucrates se ramassent à la pelle “). Et puis un disque que Michel Houellebecq déteste ne peut pas être mauvais.