La Marseillaise (Léo Ferré)

Formidable chanson ! Il faut dire qu’elle est particulièrement bien servie par la puissance de l’interprétation et celle de l’orchestration (un Jean-Michel Defaye au meilleur de sa forme). On ne sait s’il faut d’abord mettre cette réussite au compte du talent poétique de Ferré (“J’connais un’ grue dans ce pays / Avec des dents longu’s comm’ le bras / Et qui s’tapait tous les soldats / Qu’avaient la mort dans leur fusil “) ou la force de l’évocation (“C’est dans les champs qu’ell’ traîn’ son cul / Où y’a des croix comm’ des oiseaux / des croix blanch’ plantées pour la peau / La peau des autr’s bien entendu “). Et pourtant Ferré privilégie souvent l’élipse : “Arrête un peu que j’vois / Si t’as d’la voix / Si j’en aurais pour mes galons / Arrête un peu que j’vois / Et puis qu’ j’abreuve tous vos sillons / Et j’vous dirai / Combien ça fait “. Cette Marseillaise mériterait de supplanter l’autre, celle de Rouget de l’Isle.