La mémoire et la mer (Léo Ferré)

Cette chanson fut écrite à l’état de poème au tout début des années 60. Léo Ferré extraira dix ans plus tard de ce cycle poétique, appelé “Les chants de la fureur”, ce fragment qu’il mettra en musique en l’intitulant La mémoire et la mer. Le mot alchimie n’a rien d’outrancier s’il faut évoquer ce texte magnifique, grandiose, bouleversant, le plus beau jamais écrit par Ferré, en regard d’une musique dont les mots nous manquent pour la traduire en termes équivalents. Ces fameux accords de piano (déjà présents dans Pépée) vont se trouver progressivement soutenus par une ligne de violon “à vous faire chialer tant et plus “. Et la voix de l’interprète ! Quels vers pourrions nous extraire de ce chef d’oeuvre absolu ? (“Les coquillages figurants / Sous les sunlights cassés liquides / Jouent de castagnettes tant / Qu’on dirait l’Espagne livide / Dieu des granits ayez pitié / De leur vocation de pâture / Quand le couteau vient s’immiscer / Dans leur castagnettes figure / Et je voyais ce qu’on pressent / Quand on pressent l’entrevoyure / Entre les persiennes du sang / Et que les globules figurent / Une mathématique bleue / Dans cette mer jamais étale / D’où nous remonte peu à peu / Cette mémoire des étoiles “). C’est toute la chanson qu’il faudrait citer !