MONNOT (Marguerite)

On dira que Marguerite Monnot a eu la chance de rencontrer Édith Piaf, mais la réciproque n’est pas moins vraie. La moitié des “grandes chansons” de Piaf sont des compositions de Marguerite Monnot : de L’étranger à Milord, en passant par Mon légionnaire, Hymne à l’amour, La goualante du pauvre Jean, Les amants d’un jour, C’est à Hambourg, parmi tant d’autres titres. On ajoutera que l’on peut préférer cette partie du répertoire de Piaf à l’autre (en tout cas sur le plan musical cela parait indéniable). Marguerite Monnot a également composé la musique de la comédie musicale “Irma la douce”, créée par Colette Renard. On citera, pour l’associer parmi ses nombreuses collaborations à un autre auteur, le seul nom de Boris Vian : le résultat étant cette excellente Valse jaune.

Marguerite Monnot est certainement le plus talentueux compositeur de chansons françaises du vingtième siècle (en mettant de coté les auteurs-compositeurs-interprètes) : pas tant du point de vue de l’importance de la production ou pour des qualités d’éclectisme (ici Vincent Scotto rafle la mise) que pour leur richesse mélodique. Monnot concilie l’évidence de refrains que l’on retient de suite (et qui ne vous quittent pas de sitôt) avec une écriture toujours élaborée, qui parfois évoque Kurt Weill. Il n’est pas indifférent de savoir que cette compositrice possédait un bon bagage “classique” : Alfred Cortot et Nadia Boulanger avaient été ses professeurs au Conservatoire de musique. Pour finir on regrettera la façon pour le moins cavalière de Piaf, à l’aube des années soixante, “sacrifiant” Marguerite Monnot pour Charles Dumont. Pourtant, quitte à le dire trivialement, entre les deux compositeurs il n’y a pas photo. Il est vrai que Non je ne regrette rien composé par le second rencontra un grand succès. Mais quant à savoir si Piaf eut des regrets concernant l’éviction de Monnot nous en resterons là. La compositrice de Milord décédera d’ailleurs peu de temps après.