MORELLI (Monique)

Après un premier disque reprenant des chansons de Fréhel (en 1957, ce qui n’était pas alors ordinaire), Monique Morelli poursuit l’exploration de la “chanson réaliste” dans un second 33 tour. Ensuite, durant toute sa carrière, Morelli va servir la poésie comme nul autre interprète ne l’avait encore fait. Si les albums consacrés à Mac Orlan, Aragon et Carco recueillent quelque écho, il n’en va pas exactement de même pour les disques Rictus-Couté ou Bruant (ce dernier très sollicité il est vrai). Et que dire des albums Corbière d’une part, et Ronsard de l’autre ! C’était prendre tous les risques, assurément ! Il faut ici associer à la chanteuse le nom de Lino Léonardi, son époux, le compositeur de tous les poèmes qui n’avaient pas encore reçu de musique. Une seule fausse note (le dernier enregistrement de Morelli) : cette consternante et saint-sulpicienne “Messe d’Elsa” (avec Aragon comme célébrant).

Nous avons gardé pour la bonne bouche l’indiscutable chef d’oeuvre de la chanteuse : le disque “Morelli chante Villon”. Avec sa voix ample, puissante, expressive, son coté chanteuse réaliste revisité par la “rive gauche”, voire un certain aspect moyenâgeux de son physique, Monique Morelli devant chanter François Villon. Toutes les chansons de cet album mériteraient d’être citées, mais plus particulièrement Je plains le temps de ma jeunesse, Balade du concours de Blois, Épître à mes amis, Balade pour prier Notre-Dame (où l’accordéon s’identifie aux grandes orgues), Pauvre je suis (superbement mis en musique par Léonardi), Jean Cotart.