MOUSTAKI (Georges)

Révélé par la chanson Milord (il en signe le texte), Georges Moustaki écrit plusieurs chansons pour Édith Piaf. Son premier 45 tour date de cette époque. Puis Moustaki disparaît pour ainsi dire du devant de la scène (tout en écrivant pour Barbara, Colette Renard, Pia Colombo, Hugues Auffray). Le large écho que rencontrent les chansons écrites pour Serge Reggiani à la fin des années soixante (Sarah, Ma solitude, Ma liberté, Votre fille a vingt ans, Madame nostalgie...) relance la carrière de Georges Moustaki. Un premier 30 cm (précédé d’un 45 tour où figure Le métèque (“Avec ma gueule de métèque / De Juif errant, de pâtre grec / De voleur et de vagabond “, gros succès autant mérité qu’inattendu) consacre l’auteur-compositeur-interprète. Sur cet album figurent les Il est trop tard, Le facteur, La carte du tendre, Le temps de vivre, Joseph, qui vont constituer l’ossature du tour de chant de Moustaki.

Dans cet après 68, la plume de l’auteur se met volontiers au service de la contestation (Sans la nommer, Déclaration, Il y avait un jardin, Chanson cri). On y joindra Requiem pour n’importe qui (“Il est mort de n’avoir su vivre / Quand il fallait vivre à genoux / Noyé de sang, noyé de boue / La mort enfin l’a rendu libre “ : certainement la plus grande réussite de Moustaki dans ce domaine). Il existe parallèlement un Moustaki amoureux de la vie, des rythmes tropicaux et du farniente (son Droit à la paresse fait ici figure de manifeste) qu’incarnent des chansons comme Donne du rhum à ton homme, Bahia, Les eaux de mars. Le titre Les amis de Georges permet de réunir ces deux Moustaki (c’est l’hommage de l’auteur à Brassens : celui dont le modèle, plus que tout autre, aura contribué à faire du jeune homme venu d’Alexandrie l’un des auteurs-compositeurs-interprètes les plus en vue des seventies).