Ouvre (Edmond Haraucourt - Laurent Rualten)

Il existe deux versions de cette chanson, l’une des plus érotiques de ce siècle, que Suzy Solidor enregistra au seuil de sa carrière et qui ne fut pas étrangère à la réputation sulfureuse de la chanteuse. Dans la première, celle de 1933, les deux derniers couplets (“Ouvre tes jambes, prend mes flancs / Dans ces rondeurs blanches et lisses / Ouvre tes deux genoux tremblants / Ouvre tes cuisses / Ouvre tout ce ce qu’on peut ouvrir / Dans les chauds trésors de ton ventre / J’inonderai sans me tarir / L’abîme ou j’entre ) illustrent la convention qui voulait que les interprètes féminines, du moins dans ce genre de répertoire, déclinent ces chansons sur le mode masculin. L’année suivante Suzy Solidor réenregistre Ouvre en l’amputant de ses deux derniers couplets. La chanson y perd son coté “torride” mais devient plus troublante : on relève alors comme une ambiguïté en terme d’objet sexuel qui contribuera à faire de Ouvre un hymne saphiste.