RIBEIRO (Catherine)

Dotée d’une voix puissante, Catherine Ribeiro, dans les années 70, chante ou déclame des textes qui s’affranchissent du format chanson (la série des “Poèmes non épiques”) pour prendre un caractère symphonique. Il y a de la prêtresse chez Ribeiro, avec un verbe incantatoire (fustigeant le plus souvent l’époque à l’instar de L’ère de la putréfaction) avec des accents lyriques (Une infinie tendresse, l’une de ses meilleures chansons : “Donnez moi, donnez moi / Deux hommes désespérés / J’en ferai des montagnes / Des soleils des brasiers / Des puissances d’amour / Des infinies tendresses “). Avec le recul les réserves portent sur les arrangements musicaux (pourtant représentatifs, sur le moment, d’un certain moderniste), dus à Patrice Moulet, le complice de la chanteuse durant les années 70. Au fil des disques cet habillage musical devenait répétitif : une impression de “déjà entendu” finissait par prévaloir.

L’album sorti en 1982 (comprenant des musiques de Thierry Matioszek, en particulier Top secret) tranche sur le plan musical par rapport à la période précédente. Durant la décennie 80 Catherine Ribeiro rentre pour ainsi dire dans le rang : à contrario d’une Colette Magny (où la singularité s’affirme de disque en disque) ou de Brigitte Fontaine (qui disparaît pour mieux revenir presque dix ans plus tard). En même temps Ribeiro (plus que ses deux consœurs) subit le contrecoup de la lente désaffection du gauchisme, déjà observée vers la fin des années 70. Dans la décennie 90 Catherine Ribeiro retrouve une partie de son public à travers des disques de “reprises” de plusieurs grandes chansons du répertoire de la seconde moitié du XXe siècle. L’auteure s’efface devant l’interprète, évidemment convaincante. A l’heure des bilans ces deux albums laissent cependant un goût d’inachevé. Et l’impression que Catherine Ribeiro est passée quelque peu à coté de la carrière que d’aucuns lui prédisaient.