RICET BARRIER

Ricet Barrier occupe une place originale dans le monde de la chanson. Son “cycle paysan” (La servante du château, La Marie, Les vacanciers, Isabelle v’la l’printemps) ne craint pas la concurrence dans une chanson française peu diserte sur les travailleurs de la terre. Il faut dépasser le coté rigolard et gentiment caricatural pour entendre la justesse d’un trait ou quelque écho d’une disparition de la paysannerie (Le vieux dans le second cas). On aurait cependant tort de réduire Ricet Barrier à ce genre. Son répertoire, durant les années soixante-dix, devient plus exigeant sans rien céder sur le plan humoristique : particulièrement dans Les tractions avant, Les poupées rétro, Putain le beau métier, C’est dur d’être une belle fille, mais plus encore dans La moule (Ici Ricet Barrier joue sur le double sens du mot “moule” sans verser dans la vulgarité et nous croque un personnage d’amoureux transi pêchant “dans les eaux troubles de l’incommunicabilité : ceci sur une belle mélodie comme on en trouve souvent chez ce compositeur). Ricet Barrier va d’ailleurs généralement chercher dans les rythmes des années vingt une couleur musicale qui accentue le charme rétro de ses chansons. Et puis on extraira du lot Les spermatozoïdes (une métaphore du monde impitoyable qui est le nôtre) et On t’enterrera olé ! (une réjouissante profession de foi) : ceci pour rappeler opportunément que ce chanteur n’est pas seulement un amuseur.