ROBRECHT (Éric)

L’absence d’Éric Robrecht dans les dictionnaires, encyclopédies ou ouvrages divers consacrés à la chanson parait symptomatique d’un phénomène d’occultation qui s’explique autant par la frilosité, la surdité et les préjugés d’une certaine critique, que par la carrière, certes en dehors des sentiers battus, de ce chanteur et auteur-compositeur. Que l’on ne nous fasse pas le coup d’une rive gauche ringarde, focalisée sur les paroles et dépourvue de musicalité parce que le premier 33 tour d’Éric Robrecht étonne et détonne à la fois sur les plans textuel et musical. Les arrangements de Jean-Claude Pelletier, aidés par les musiques de Robrecht, cultivent parfois un coté Léonard Bernstein (L’illuminé, Le bruit et la fureur) sans équivalent dans la chanson de l’époque. Dans ce disque, sorti juste avant mai 68, les textes sont plus révoltés qu’à proprement parler révolutionnaires : Trente ans (une indignation sur le mode ferréen de la récurrente compromission), N’importe quoi (parodie d’une chanson de Dutronc), Push button (chanson d’une rare violence sur la bombe et le monde qui permet son existence). Ces titres étant bien entendus censurés. On entendit cependant Et remettez nous ça (sur un texte nostalgique de Bernard Dimey) qui connut alors un succès d’estime.

Plus apaisé, le second 33 tour d’Éric Robrecht (sorti fin 1968) comporte d’autres chansons écrites par Dimey et Robrecht (dont L’oiseleur). Suivront deux 45 tours, et puis c’est tout. Ensuite Éric Robrecht devient le pianiste et compositeur attitré de Jean-René Caussimon. On lui doit les musiques de Les cœurs purs, Musique légère, Il fait soleil, parmi la quarantaine de compositions écrites pour Caussimon.