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SABLON (Germaine)

La sœur de Jean Sablon reste pour l’histoire l’une des deux créatrices du Chant des partisans (la seconde étant Anna Marly). Auparavant elle s’était partagée entre la chanson (quelques titres connus permettent d’apprécier la qualité de ses interprétations) et le cinéma.


SABLON (Jean)

Le chanteur à la voix de velours et au sourire enjôleur “croone” pour l’éternité. Dans la corporation des “chanteurs de charme” Jean Sablon disposait d’atouts qu’étaient loin de posséder ses confrères et concurrents. En premier lieu comme créateur du Petit chemin (l’une des plus grandes réussites de Mireille et Jean Nohain) ; et puis n’a-t-il pas le premier choisi comme accompagnateurs Django Reinhardt, Stéphane Grappely, André Ekyan et Michel Warlop ; n’a-t-il pas créé un genre avec la célèbre Vous qui passez sans me voir (de Charles Trenet et Johnny Hess) ; n’a-t-il pas fait confiance à Pascal Bastiat (qui lui offrit Je tire ma révérence, le Sablon du “retour au pays” en 1939). Entre temps Jean Sablon avait popularisé l’usage du microphone (au grand dam du public amateur de “chanteurs à voix”). La seconde partie de la carrière de Jean Sablon emprunte les chemins d’une carrière internationale. Le représentant de la “french touch” gère alors son patrimoine. Les fécondes années trente sont bien loin.


Sale petit bonhomme (Georges Brassens)

Georges Brassens nous émeut avec ce Sale petit bonhomme, ce Cupidon du désamour qui s’en vient “recouvrer tout son fourbi “ : ses flèches, “nos lettres idylliques “, et même “l’indélébile phrase / Paul est aimé de Virginie “. On ressent un certain désenchantement à l’écoute de cette chanson douce-amère. La pirouette du dernier couplet en serait l’aveu : “Et j’aurais sans nul doute enterré cette histoire / Si pour renouveler un peu mon répertoire / Je n’avais besoin de chanson “. Comme si Brassens se croyait obligé de s’excuser d’avoir écrit sur ce thème (et à l’aide de l’une de ses mélodies dont il a le secret) l’une de ses plus belles chansons.


SALVADOR (Henri)

La carrière d’Henri Salvador ne saurait être résumée en un seul trait. On y repère certes deux grandes tendances, mais encore faut-il bien savoir distinguer ou trier à l’intérieur de chacune d’elles. Un Salvador se cache derrière un autre, et réciproquement. Sans être certain qu’il s’agisse du “bon” Salvador.

Partons du Salvador, chanteur de charme (sans que cette appellation soit ici péjorative), puisque celui-ci se taille la part du lion dans les années 40 et 50 : des chansons comme Maladie d’amour, Si jolie, L’abeille et le papillon, Le petit indien, Il n’y a plus d’amandes, A Cannes cet été, l’illustrent. La palme revenant à Le loup la biche et le chevalier, le plus gros succès de cette liste. La voix de l’interprète (un grain proche du velours) sert à merveille ce répertoire dont toutes les chansons citées sont des compositions d’Henri Salvador (en y ajoutant, pour compléter cette première liste, A Saint-Germain-des-Près et La chanson du scaphandrier : ceci pour préciser que Salvador fut l’un des premiers interprètes de Léo Ferré).

Moins présent durant les années soixante (ou après), ce Salvador “charme” élargit cependant sa palette avec Le lion est mort ce soir (autre gros succès) et Count Basie. Mais les deux chansons les plus marquantes de cette seconde période, Syracuse (texte de Bernard Dimey) et Cherche la rose (d’Henri Rouzaud) cultivent plus volontiers une fibre poétique : Syracuse appartenant à cette catégorie de chansons qui, au fil des années, prennent place dans un “panthéon de la chanson” (ce que l’on ne soupçonnait pas en 1962, date de sa création).

Le second Salvador, le chanteur comique (surtout dans le registre parodique) vient de loin. Déjà du temps où Henri Salvador, le guitariste, jouait (et chantait) dans l’orchestre de Ray Ventura, ses dons comiques étaient reconnus. Ce Salvador là a toujours cohabité avec le premier (dit de charme), mais s’est affirmé durant la seconde partie des années cinquante au plus fort de sa collaboration avec Boris Vian. Les deux compères privilégiant le registre parodique, soit dans la chanson créole (Je ne veux pas travailler, Ça pince) ou rock (les Va t’faire cuire un œuf man ! et Rock and roll mops d’un 45 tour signé Henry Cording : aujourd’hui considéré comme étant le premier disque de rock n’ roll en France). On ne saurait oublier l’inénarrable Blues du dentiste et la plus célèbre Faut rigoler. A partir des années soixante, la dimension comique devient dominante dans le répertoire d’Henri Salvador (sans pour autant se situer au niveau des titres précédent, Vian étant disparu en 1959). Là aussi le registre parodique prend le dessus (à l’exception de Le travail c’est la santé, autre succès) avec Papa Liszt en twist, Twist SNCF, Mais non mais non, Monsieur boum boum. Puis Salvador, fort du succès de Minnie petite souris et surtout Zorro est arrivé (le succès de l’été 1964) privilégie alors la chanson-gag (Juanita Banana, J’aime tes genoux) ou un répertoire enfantin (versant Disneyland). Ce dernier filon, assurément pas le meilleur, s’imposant dans un contexte où Salvador prenait ses distances avec le music-hall.

Henri Salvador boucle en quelque sorte la boucle avec un album en 2000 faisant l’unanimité, versants critique et public (“Chambre avec vue”) et le titre Jardin d’hiver : une excellente façon de donner congé à un siècle dans lequel le parcours atypique de Monsieur Henri Salvador devait être salué.



SANSON (Véronique)

Parmi les représentants de la “génération vibrato”, le meilleur porte le nom de Véronique Sanson. On ne peut nier à la chanteuse son sens du rythme, sa musicalité, ses harmonies et les qualités mélodiques de nombreuses chansons de son répertoire (telles les Besoin de personne, Maudit, Vancouver, Alia Souza, Bernard’s song). On n’en dira pas autant des textes. Répondre que ce serait ici secondaire soulève un problème qui dépasse le cas de Véronique Sanson.


SAPHO

Venue de la scène rock, Sapho enregistre en 1982 et 1983 deux disques qui attirent l’attention sur des titres comme Chaises de jardin, Rue de Lappe, et surtout Thatcher pour le premier, et Madame E (à savoir Madame Edwarda) pour le second : des chansons témoignant de la diversité d’un répertoire et de l’originalité d’une inspiration. En 1985 l’album “Passions, passons” souligne plus qu’auparavant les racines de la chanteuse (Sapho est née au Maroc et y a vécu durant son enfance) et la fait connaître d’un plus large public : Carmel, Methylène, Marrakech sont des succès. Le disque le plus abouti de la carrière de Sapho (“Jardin andalou”) poursuit l’exploration de cette veine arabo-andalouse. On y retrouve des titres créés précédemment sur la scène du Bataclan lors d’un album “live” (Sois plus radical, et l’emblématique Maman j’aime les voyous : “J’aime les gens ivres / Les infâmes / J’aime les gens libres “). Ce disque met en valeur textes (Les führers en fureur, Lorca) et musiques (Ta main, Just before death) de Sapho : le tout servi par les qualités vocales de la chanteuse. Dans cette carrière en dehors des sentiers battus, qui certes se poursuit au XXIe siècle, on se contentera de relever que la singularité de cette chanteuse atypique n’avait pas encore à la fin du XXe siècle été tout à fait reconnue à sa juste valeur.


SARDOU (Michel)

L’aspect indiscutablement “réactionnaire” d’une partie du répertoire de Michel Sardou ne saurait à lui seul expliquer la place, l’audience et le statut de ce chanteur durant les trente dernières années de ce siècle. D’ailleurs quelques uns de ses principaux succès (La maladie d’amour, Je vais t’aimer, Les vieux mariés, En chantant, La java de Broadway, Les lacs de Connemara) ne ressortent pas véritablement de cette catégorie. Michel Sardou, à l’instar d’un Serge Lama, dispose d’un organe vocal puissant que son répertoire met le plus souvent en valeur. Pour pareille voix les compositions de Jacques Revaux (compositeur de la plupart des chansons de Sardou) semblaient destinées. Et l’on ne peut nier l’efficacité mélodique de Revaux même si ce compositeur flirte parfois avec l’emphase ou la grandiloquence (ceci redoublé par des orchestrations où les cuivres ne font nullement dans la nuance).

En pleine guerre du Vietnam (et après le retrait français du commandement intégré de l’OTAN), la première chanson de Michel Sardou à connaître le succès, Les ricains (1967), prend autant position contre de Gaulle et la doxa de gauche qu’elle témoigne d’un tropisme américain (compatible chez Sardou avec son équivalent nationaliste). Deux chansons vont en 1970 imposer Sardou : Les bals populaires et J’habite en France. La première n’est pas sans cultiver une posture “virile” que l’on retrouvera souvent par la suite (plutôt sur le versant sexiste d’ailleurs : Bonsoir Clara, Je veux l’aimer pour un soir, Les villes de solitude) tandis que la seconde introduit une veine xénophobe ou chauvine (même traitée ici sur le mode humoristique). Dans ce registre (sur le versant nationaliste) une chanson comme Le France a été en son temps saluée par le P.C.F. et la C.G.T.. Et l’on ne saurait oublier pour clore cette liste Le temps des colonies. Même en traitant de sujet moins “sensibles”, tel l’internat (Le surveillant général) ou le service militaire (Le rire du sergent), Sardou laisse planer une ambiguïté de type homophobe (comme on ne disait pas encore à l’époque). Ce qui n’est pas le cas de J’accuse (“J’accuse les hommes de croire à des hypocrites / Moitié pédés moitié hermaphrodites “). Ni dans un autre domaine de l’insupportable Je suis pour, un vigoureux plaidoyer en faveur de la peine de mort. Cette chanson d’ailleurs provoqua de violents incidents lors des concerts de Sardou en 1976. Le chanteur va alors s’efforcer de calmer le jeu (il ira jusqu’à envisager publiquement voter pour Mitterrand !) en sortant ensuite deux albums moins engagés sur sa droite, plus apaisés (les chansons La java de Broadway, Dix ans plus tôt, En chantant sont des succès).

Durant les années 80 le répertoire de Michel Sardou devient plus consensuel : Les lacs de Connemara, Chanteur de jazz, Musulmanes, Les deux écoles (cette dernière chanson renvoyant dos à dos les deux écoles : la dite “libre” et celle de la nation). On y entend même un hommage (paradoxal certes) à Lénine ! (Vladimir Ilitch). Moins présent dans la décennie 90 sur le plan discographique, Sardou attire cependant toujours un important public lors de ses concerts. On relève ces années-là (et même après) la volonté du chanteur de modifier un tant soit peu l’image de marque qui a longtemps été la sienne. Pierre Delanoé était décédé quand Michel Sardou traita son ancien collaborateur (tout deux ont écrit ensemble 60 chansons) de “réactionnaire”, en le rendant en quelque sorte responsable du contenu de plusieurs titres controversés des années 70 signés en commun. Pierre Delanoé, le parolier caméléon de la chanson, écrivait sur mesure : avec Gilbert Bécaud cela donnait L’orange, Hugues Auffray L’épervier, Michel Fugain Une belle histoire, Michel Polnareff Le bal des Lazes, Joe Dassin Les Champs Élysées, Claude François C’est de l’air c’est du vent, et avec Michel Sardou nous avions Le France, J’accuse, Le temps des colonies. Il ne serait pas un peu faux cul Michel Sardou ?


SAUVAGE (Catherine)

Il parait difficile de ne pas associer d’emblée le nom de Catherine Sauvage à celui de Léo Ferré. On sait que ce dernier considérait la chanteuse comme son interprète d’élection. Une chanson de la facture de Paris Canaille (superbement interprétée par Catherine Sauvage et bénéficiant de l’excellente orchestration de Michel Legrand) contribue à la renommée de la chanteuse, et à celle d’un auteur-compositeur encore peu connu. La Sauvage inscrira de très nombreuses chansons de Ferré à son tour de chant (Les amoureux du Havre, L’homme, le piano du pauvre, connaissent un succès comparable) et y reviendra (du moins jusqu’à Avec le temps créée peu de temps après Ferré) tout au long de sa carrière (citons par exemple La poésie fout le camp Villon, Le temps du plastique, Mister Georgina, Vingt ans, La poisse, Rotterdam).

Autre contribution à la découverte d’un auteur-compositeur : celle de Gilles Vigneault (le chanteur québécois était alors quasi inconnu en France) dont Catherine Sauvage enregistre 12 chansons en 1966 (Tam di delam, Jack Monoloy...). Toute sa vie Catherine Sauvage a chanté les poètes : un large spectre qui n’a pas d’équivalent (de Soupault à Lorca en passant par Aragon, Noël, Fombeure, Seghers, Queneau, Mac Orlan, Baudelaire,Carco, Audiberti : avec une mention particulière pour La poupée, sur un texte de Jacques Audiberti). Et Jacques Prévert auquel la chanteuse consacre un disque tardif (1991) mais essentiel : en retenant principalement son incomparable interprétation du cycle d’Aubervilliers (Chanson des enfants, Chanson de l’eau, Chanson de la Seine).

Vers le milieu de sa carrière, en 1961, Catherine Sauvage enregistre un album consacré à Kurt Weill. C’est sans doute le témoignage le plus précieux de l’art de la chanteuse. Excepté une savoureuse Complainte de Fantomas (poème de Desnos) et Mon ami my friend (de P. Green) tous les textes sont de Bertolt Brecht. Au début des années soixante les songs de messieurs Brecht et Weill avaient déjà été chanté par quelques unes des “pointures” de la chanson française. Pourtant aucun interprète ne nous avait communiqué pareil sentiment de révolte à l’écoute de La fiancée du pirate. Et que dire de la trilogie extraite de “Happy end” ! Bilbao song (où Sauvage surpasse Montand), Sarabaya Johnny (où il faut l’entendre chanter cet inoubliable “tu la retires ta pipe de ta grande gueule, ordure “ qui chaque fois donne le frisson), Le tango des matelots (où la gouaille de Catherine Sauvage fait merveille). De surcroît la chanteuse privilégie ici l’adaptation de Boris Vian à celle de Geneviève Serreau, plus édulcorée. Autant que nous puissions en juger celle de Vian rend plus justice au texte original : car (Le tango des matelots, toujours) entre “serrer les fesses “ (Serreau) et avoir “les caleçons pleins de m... “ (Vian), il y a quand même une différence ! Surtout lorsque l’interprète s’appelle Catherine Sauvage.


SCOTTO (Vincent)

Certainement le compositeur le plus prolifique de ce siècle. L’impressionnante liste des succès de Vincent Scotto (La petite tonkinoise, Sous les ponts de Paris, Elle vendait des petits gâteaux, La trompette en bois, Mon Paris, Où est-il donc ?, J’ai deux amours, J’ai la rate qui s’dilate, Sur le plancher des vaches, Le plus beau de tous les tangos du monde, Prosper, Un petit cabanon, Marinela, Tant qu’il y aura des étoiles, Tchi tchi, La java bleue, etc., etc.) étonne par la grande diversité de ce répertoire. Scotto compose pour des interprètes aussi différents que Maurice Chevalier, Tino Rossi, Fréhel, Alibert, Joséphine Baker et Ouvrard fils ! Cette capacité d’écrire des mélodies (se retrouvant sur toutes les lèvres) dans tous les registres connus de la chanson de cette première moitié du XXe siècle n’a pas d’équivalent (ou peut-être, à un degré moindre, chez Maurice Yvain).


SENS (Jeanne-Marie)

Révélée en 1973 par une chanson soixante-huitarde (En plein cœur), Jeanne-Marie Sens, auteure et chanteuse, hésite entre différents styles de chanson (Méli mélo et L’enfant du 92°, pour le meilleur). Parallèlement Jeanne-Marie Sens enregistre plusieurs albums de chansons pour enfants (Tant et tant de temps recueille quelque écho). Les années 80 paraissent plus formatée : à l’instar du 45 t sorti en 1984 (Jalousie, Donne moi ton sourire) qui sacrifie par trop à l’air du temps. D’ailleurs ce sera le dernier disque de Jeanne-Marie Sens.


SERVAT (Gilles)

Doté d’une belle voix chaude, Gilles Servat participe au renouveau de la chanson bretonne au début des années soixante-dix. Et lui donne même un hymne, La Blanche Hermine (“Là voilà la Blanche Hermine vive la mouette et l’ajonc / Là voilà la Blanche Hermine vive Fougères et Clisson “). Plusieurs disques imposent Servat comme porte-drapeau d’une chanson celtique qui concilie veine poétique (sur le mode de la chanson traditionnelle) et registre politique (dans la lignée d’un Glenmor) : Les colonies, Je dors en Bretagne ce soir, L’hirondelle, Madame la colline. Les années quatre-vingt sont celles du reflux pour Gilles Servat, comme pour la chanson bretonne. Celle-ci trouve un second souffle au début de la décennie suivante avec l’aventure de “L’héritage des celtes” à laquelle participe Servat. En 1998 le chanteur s’opposera violemment (Touche pas la Blanche Hermine) au Front National qui reprenait alors La Blanche Hermine dans ses meetings.


SHEILA

Les titres de quelques unes de ses chansons (écrites le plus souvent par son “producteur-mentor” Claude Carrère : L’école est finie, T’es plus dans le coup papa, Ma première surprise party, Le sifflet des copains, La famille, Petite fille de français moyens, Un jour je me marierai, les gondoles à Venise) valent un long discours.


SHELLER (William)

Compositeur arrangeur du tube My year is a day (les Irrésistibles) , puis orchestrateur de l’album “La Louve” (Barbara), William Sheller entame ensuite une carrière de chanteur avec un album sorti en 1975. L’un des titres, Rock n’ dollars, devient l’un des succès du moment. Dans ce disque d’une facture très “pop anglaise” (on remarque l’influence des Beatles versant Mac Cartney : Oncle Arthur et moi), une chanson comme Savez-vous apporte une autre indication : celle du bagage “classique” du compositeur (William Sheller est un ancien élève du Conservatoire). Un second album (Dans un vieux rock n’ roll, la chanson titre, joue la carte de la nostalgie) marche sur ces brisées. Les disques suivants installent Sheller parmi les rares représentants (avec Christophe et Manset) d’une pop française de qualité.

Dans l’album “Univers”, Sheller rappelle à ceux qui l’auraient oublié sa formation “classique” (Le nouveau monde). Cette tendance est encore plus présente avec le suivant, “Ailleurs” (en particulier le titre La tête brûlée). Puis William Sheller change complètement de registre en privilégiant la carte minimaliste (celle du piano-voix). Le seul morceau inédit de ce disque, Un homme heureux, remporte un grand succès et élargit sensiblement le public du chanteur. Changeant une nouvelle fois de genre, William Sheller sort l’album “Albion” : ici le son résolument rock (le chanteur ne renie pas ses anciennes amours, mais se réfère plutôt ici à Helker Selker). Il s’agit en tout cas d’une heureuse surprise conclue par une Parade à la Beach boys.

Sur le plan musical William Sheller figure parmi les artistes les plus talentueux du dernier quart de siècle. Son itinéraire, loin des sentiers balisés, démontre que l’on peut encore surprendre dans ce contexte régressif de chansons formatées ou d’interprètes gérant leur carrière en bons pères ou mères de familles.


SHUMAN (Mort)

En 1972 le premier disque français de ce compositeur américain renommé (ayant écrit, entre autres interprètes, pour Elvis Presley, familier de l’oeuvre de Jacques Brel (qu’il contribue à faire connaître aux USA avec la comédie musicale “Jacques Brel is alive, and well, and living in Paris”), ne passe pas inaperçu : la chanson Le lac Majeur est un succès et Brooklyn by the sea tout comme L’imperméable anglais se signalent par leurs qualités mélodiques et celles de leurs orchestration. Les textes, signés Étienne Roda-Gil, s’adaptent parfaitement à l’univers de l’interprète. De surcroît Mort Shuman possède du coffre, sait chanter et son accent ne constitue nullement un handicap, bien au contraire. Les disques suivants ne confirment pas véritablement (surtout ceux écrits un peu plus tard avec d’autres paroliers que Roda-Gil) ce prometteur début. La recherche de l’efficacité, du tube, prend progressivement le dessus. La carrière de Mort Shuman se déroule alors sans (bonnes) surprises : à l’exception peut-être de Papa tango Charlie.


SIMON (Michel)

Michel Simon a quelquefois poussé la chansonnette : lors de la reprise d’une opérette (Elle est épatante cette petite femme-là), à l’occasion du tournage d’un film (Comme de bien entendu, Pierrot la tendresse, Dans l’herbe tendre), ou dans un disque en hommage à Bernard Dimey (l’émouvante Mémère).


SIMON (Yves)

Révélé par Les gauloises bleues, Yves Simon sort la même année (1973) un album où figurent Les bateaux du métro et Au pays des merveilles de Juliet (cette chanson, sur l’actrice Juliet Berto et compagnie, reste la plus connue et la plus réussie d’Yves Simon : “Dans la tire qui mène à Hollywood / Vous savez bien qu’il faut jouer des coudes / Les superstars et les petites filles de Marlène / Vous coinceront Juliet dans la nuit américaine “). Le disque sorti l’année suivante, puis les autres albums de la décennie 70 placent Yves Simon dans un second peloton (derrière Lavilliers, Souchon, Renaud et le second Higelin) parmi les auteurs-compositeurs-interprètes de premier plan apparus au début des années soixante-dix. Oscillant musicalement entre les sons “rock” et “folk”, les chansons d’Yves Simon vont plutôt chercher leurs références de l’autre coté de l’Atlantique (J’ai rêvé New York, Manhattan, Clo Story : “Elle avait chanté / Dans les USA / A New York et Tien Si / Mozart et Gershwin dans Clo Story / Elle parlait souvent de Chicago “) ou à Paris (les brumes de Paris, Les héros de Barbès, Rue de la Huchette) : l’univers d’un jeune homme que l’on sait d’abord branché sur son époque, mais qui n’hésite pas le cas échéant à venir se plonger dans son enfance (Les jardins du casino).

Progressivement le chanteur va laisser la place au romancier. Yves Simon n’abandonne pas pour autant la chanson. Cependant les disques des années quatre-vingt, malgré un souci de renouvellement musical (que l’on peut d’ailleurs discuter), restent en deçà de ceux dont les chansons, durant la décennie précédente, savaient capter sur le mode de la chronique quelques uns des traits de l’époque. C’est ce que l’on retient surtout d’Yves Simon, et qui fait l’intérêt de son répertoire tout en en relevant les limites.


SOLIDOR (Suzy)

Dans un répertoire qui fait la part belle au style “1900” (dont le sulfureux Ouvre) et aux chansons de marins (La belle croisière, Les filles de Saint-Malo, Chanson de halage, La belle escale, La fille des bars), la Suzy Solidor des premières années illustre un genre “belle époque” décalé vis à vis des nouveaux courants de la chanson française (nous sommes dans le milieu des années trente). Ancien mannequin devenue chanteuse, Solidor choisit généralement des textes de qualité : de Poterat, Richepin, Magre, Marèze ou encore Vildrac (auteur d’une Si on gardait bien défendue par son interprète). On peut également préférer la version du Doux caboulot de Suzy Solidor à celle de Marie Dubas, la créatrice. On remarque ensuite une évolution vers plus de sobriété dans les interprétations de “la chanteuse aux cheveux de lin” : Escale, la plus connue des chansons de Solidor, en apporte le témoignage. Rappelons que la chanteuse, depuis Ouvre justement, était devenue l’une des figures emblématiques du milieu homosexuel parisien. La fameuse partie (parlée) de Escale (“Le ciel est bleu / La mer est verte / Laisse un peu / La fenêtre ouverte “) fit l’objet d’un détournement : le mot “braguette “ se substituant à “fenêtre “.

A partir de l’Occupation la carrière de Suzy Solidor offre moins d’intérêt (signalons cependant sa célèbre reprise de Lily Marlène) : son répertoire devient plus convenu. La présence d’officiers allemands dans le cabaret (“La vie parisienne”) ouvert par la chanteuse, et surtout sa liaison avec l’un d’entre eux lui vaudra l’attention particulière des comités d’épuration à la Libération. Suzy Solidor enregistre ensuite (en Belgique dans un premier temps) plusieurs disques à la fin des années quarante et au début de la décennie suivante qui n’apportent rien de plus à sa gloire. Retenir de Suzy Solidor que ce double aspect de “scandale” (le lesbianisme, puis le goût de la belle et sculpturale Suzy pour les officiers allemands) n’a pas été sans contribuer à occulter la carrière de cette chanteuse. Là aussi, à l’instar des Jean Tranchant, Gilles et Julien, voire Marianne Oswald et Lys Gauty, il importe de redécouvrir cette interprète (et la singularité de son répertoire : du moins celui des années trente).


SOLLEVILLE (Francesca)

Une voix puissante, identifiable : ce qui serait anodin sans la force de conviction qui met cette voix au service d’un répertoire généralement exigeant. Des atouts qui dés le début des années 60 (José de Catalogne) classent Francesca Solleville parmi les interprètes féminines les plus prometteuses. Dans cette carrière l’on est cependant tenté de trier le bon grain (Entre nous, Vent d’Amérique, Hiroshima, et surtout La légende des Saintes-Maries de la mer et Chanson d’Irlande : la première de Malchican, et la seconde de Fanon et Roseau, toutes deux superbement interprétées) du plus discutable (lequel se confond d’une certaine manière avec l’aspect “compagne de route du P.C.F.” de la chanteuse) : quand Solleville chante Guillevic (Complainte pour Angela Davis, parmi d’autres) ou des adaptations de “poèmes” nord-viêtnamiens. On préfère, pour finir sur une note favorable, évoquer le disque (1994) que la chanteuse consacre à Allain Leprest.


SOUCHON (Alain)

Durant les années soixante-dix Alain Souchon trimbalait déjà sa dégaine de vieil adolescent dans des chansons qui portent indiscutablement la griffe de l’auteur : telles Allô maman bobo (pour l’aspect sensible, fragile, “mal dans sa peau”), Poulaillers’ song (une charge antixénophobe traitée par le biais de la fable et de l’humour), Bidon (qui campe sur ces deux rives), et Y’a d’la rumba dans l’air, Le bagdad de ian bihoue. Les années quatre-vingt creusent le même sillon (depuis Rame jusqu'à Ultra moderne solitude en passant par Manivelle, Saute en l’air, Somerset Maugham, Quand j’serai KO). La décennie quatre-vingt-dix s’avère encore meilleure avec seulement deux albums. Le premier, “C’est déjà ça”, contient le plus gros succès de Souchon, Foule sentimentale, mais aussi Sous les jupes des filles (“elles dans l’suave / la faiblesse des hommes elles savent / que la seule chose qui tourne sur terre / c’est leurs robes légères “), et Chanter c’est lancer des balles. Le second, outre la chanson-titre, comporte la délicieuse Le baiser (“La mer du Nord en hiver / Sortait ses éléphants gris vert / des Adamo passaient bien couverts “), Tailler la zone, Rive gauche, et la très souchienne Caterpilar (“Les filles dans nos cœurs / Font des travaux d’aménagement / Souvent au marteau piqueur / Et sans ménagement “).

Petit à petit Alain Souchon aura imposé un style, un univers, une couleur musicale (ici le plus souvent avec l’aide son vieux complice Laurent Voulzy) qui ne doivent rien à personne. Il ne parait pas certain qu’en d’autres temps (plus virils, dirions-nous) des chansons exprimant la fragilité masculine, présente dans plusieurs chansons du répertoire de Souchon, auraient reçu un tel accueil. Une question cependant mérite d’être posée au sujet du titre Foule sentimentale. Elle dépasse le cas proprement dit d’Alain Souchon si l’on prend en compte le statut de cette chanson dans le paysage français de ces années-là. Il s’agit de l’un des plus gros succès de la décennie 90 et d’une excellente chanson. Ce qui, dans le contexte particulier de cette fin de siècle, ne va pas vraiment de soi. A s’étonner, même, qu’un titre de cette qualité soit devenu un tube. Question donc : écoute-t-on encore les paroles des chansons ? Car Foule sentimentale traite des “désirs qui nous affligent “ et de l’aliénation par la marchandise. Et l’on ajoutera que Souchon en rend compte avec finesse et élégance. Alors, en définitive, le public n’y aurait entendu goutte ? A moins que les paroles n’aient plus d’importance ? Questions déprimantes, il va de soi. A moins qu’il y ait public et public...


Stances à un cambrioleur (Georges Brassens)

On apprécie l’histoire de ce cambrioleur qui, après une visite très professionnelle au domicile de Georges Brassens, “hérita” de stances écrites à son intention. L’anecdote s’avère d’autant plus savoureuse que la victime va même jusqu’à féliciter son voleur. Mais le meilleur, le coté malicieux et vachard de cet éloge, Brassens le garde pour la fin. En conseillant à son cambrioleur, au cas où le vol serait sa seule vocation : “Prend donc pignon sur rue, mets toi dans les affaires / Et tu auras les flics même comme chalands “.


Sous le ciel de Paris (Jean Dréjac - Hubert Giraud)

Une valse entraînante, un rien nostalgique, des couplets bien troussés (“Près de Notre-Dame / Parfois coule un drame / Oui mais à Paname / Tout peut s’arranger “) : Sous le ciel de Paris se situe à l’apogée d’un genre qui peu à peu va décliner jusqu’à pratiquement disparaître au plus fort de la vague yè yè. Il faudrait, pour illustrer cette chanson, convoquer Cartier-Bresson et Doisneau, ou quelques autres de ces photographes qui nous ont laissé, en noir et blanc, ces immortels clichés du Paris des années cinquante : “Sous le ciel de Paris / Coule un fleuve joyeux / Il endort dans la nuit / Les clochards et les gueux “.


Sous les palétuviers (Bertal, Maubon et Chamfleury - Moïses Simons)

L’opérette des années trente nous gratifiait de temps à autre d’une ravissante “chanson idiote”, telle Sous les palétuviers qui aurait pu se retrouver dans le répertoire du Dranem des grandes années. Une idiotie qui rime avec génie dans le duo “Honorine” (“Ah ! sous les papa papa / Sous les pas, les létu / Sous les palétuviers “) “Pédro” (“Ah ! je te veux sous les pa, / Je te veux sous les lé, / Les palétuviers roses... “). Ou encore dans “Ensemble” (“Aimons nous sous les palé, / Prends-moi sous les létu, / Aimons nous sous l’évier “) qui déjà “sonne” comme du Boby Lapointe. Ceci dans l’interprétation inégalée de Koval et Pauline Carton.


STERN (Émile)

Compositeur révélé par Tire l’aiguille (créée au début des années 50 par Renée Lebas), Émile Stern a composé (souvent sur des textes d’Eddie Marnay) pour Lucienne Delyle (Java), Yves Montand (Planter café), Bourvil (Balade irlandaise), Serge Lama (Dis Pedro), Frida Boccara (Un jour un enfant), Marie Laforêt (Yvan Boris et moi), Régine (Patchouli chinchilla).


STONE ET CHARDEN

Éric Charden (qui chante depuis 1963, avec Le monde est gris le monde est bleu comme carte de visite) rencontre Stone (ancienne miss Beatnik et apprentie chanteuse). Ce couple dans la vie le devient sur scène et au disque en 1971 avec L’Avventura, l’un des gros succès de l’année. Stone et Charden vont aligner tube sur tube (Il y a du soleil sur la France, Made in Normandie, Le prix des allumettes) durant plusieurs années. L’art d’accommoder l’éternelle rengaine avec des textes d’un conformisme affligeant ou réjouissant, selon les points de vue. C’était également ça les “années Pompidou” !


SUNLIGHTS (les)

A l’origine groupe de rock, les Sunlights reprennent en 1966 Le déserteur de Boris Vian. Portée par la vogue de protest song c’est un succès. Les Sunlights enregistrent l’année suivante Les roses blanches (trente ans après Berthe Sylva), puis, ayant trouvé leur public, ils enchaînent avec Maman la plus belle du monde, etc.


SYLVA (Berthe)

On écoute plus guère Berthe Sylva, sinon à travers ces deus scies inusables (On a pas tous les jours 20 ans et Les roses blanches : deux chansons d’ailleurs redécouvertes à la “faveur” de nouvelles interprétations). Pourtant cette chanteuse, classée à tort ou à raison dans la rubrique “chanson réaliste”, avait connu un grand succès dans l’entre-deux-guerres. Il est vrai que son répertoire, si on le compare à celui des Damia, Fréhel, ou de la môme Piaf, pêche par son coté larmoyant, conformiste ou franchement ridicule.


SYLVESTRE (Anne)

Appelée dans ses débuts “un Brassens en jupon” (pour reprendre un cliché qui perdurera une dizaine d’années), Anne Sylvestre partage avec l’oncle Georges un goût pour la chanson dite “traditionnelle”, une langue parfois archaïque, et elle s’accompagne à la guitare. Durant cette première moitié des sexties la chanteuse ne ressemble cependant qu’à elle-même. Qui, sinon Anne Sylvestre, pouvait écrire Mon mari est parti (un art tout en nuance, ou comment dire les choses sans les dire : “Mon mari est parti, je n’ai de ses nouvelles / Que par le vent du soir / Je ne comprends pas bien toutes ces péronnelles / Qui me parlent d’espoir “) ou La femme du vent (“Fille folle amante du vent / Boucle ton corset / Baisse bien la tête / Méfie toi qui aime le vent / Engendre la tempête “). Citons également Tiens toi droit, Le château de mes ancêtres, Lazare et Cécile, et T’en souviens-tu la Seine (une chanson qui en raison de ses qualités mélodiques aurait dû rencontrer un plus large public). Ensuite Mes sabots de bois prend de la distance avec l’image de la bergerette des premiers disques (“Mes sabots étaient bien commode / Mais ça n’était pas très à la mode “). La méconnue Merci oh merci date de cette même année 1967. Ici se terminent les “années Philips”.

Les “années Meys” représentent une transition. On en extrait Antoinette a peur du loup et Des fleurs pour Gabrielle (“On a pas arrêté la meule / Où d’autres se feront broyer / Et vous ne serez pas la seule / Ça ne peut vous consoler “) sur le suicide de Gabrielle Russier. En 1974 Anne Sylvestre crée sa propre maison de disque. Désormais tous ses albums porteront le label “Sylvestre”. Les trois disques inaugurant cette nouvelle série figurent parmi les plus réussis de la chanteuse. Dans le premier, Me v’la (“Avec mon orchestre / Au grand complet / Mais toujours Sylvestre / S’il vous plaît / Un peu folk-song / Mais du moins j’espère / Dans la langue de mes pères / Me v’la me v’la “) sonne comme un manifeste. Sur le second se trouve gravée l’une des chansons les plus “représentative” d’Anne Sylvestre : Une sorcière comme les autres (“Regardez moi je suis vraie / Je vous prie ne m’inventez pas / Vous l’avez tant fait déjà”).

Le cru suivant, celui de 1977, surpasse encore les deux précédents. Comment je m’appelle donne le ton (“Quand alors j’aimai quand je fus sourire / Quand je fus envol quand je fus lilas / J’appris que j’étais ventre et même pire / Que j’étais personne et que j’étais pas “) : une chanson significative de l’art subtil, tout en finesse et nuances (ce qui n’exclut pas le coup de griffe) d’Anne Sylvestre. Clémence en vacances brosse le portrait d’une “vieille dame indigne” qui décide de ne plus rien faire et s’en porte à merveille. Les gens qui doutent ou la tendresse de l’interprète pour les gens “qui passent / moitié dans leur godasse / Et moitié à coté “ au risque de “passer pour des cons “. Et puis Petit bonhomme, une savoureuse saynète féministe. Nous avons tous plus ou moins connu ce personnage qui, au début, “tout gentil “, n’hésite pas à refaire le lit et à descendre “les poubelles en repartant “. Ceci ne durant qu’un temps. Bonhomme finissant par prendre “ses” femmes (la sienne, sa maîtresse, sa mère, et consort) pour des bonnes, puis, dans l’ordre, de “conne “, de “boudin “, de “gorgonne “ et de “bobonne “. Petit bonhomme se retrouvant en définitive tout seul.

Il paraissait difficile à Anne Sylvestre de rester sur de tels sommets. Cependant les albums qui suivent continuent d’affirmer une exigence qui ne se dément pas. En particulier le disque sorti en 1985 comporte Écrire pour mourir, l’une des chansons emblématiques d’Anne Sylvestre (“Écrire et ne jamais pleurer / Rien que des larmes de stylo / Qui viennent se changer en mots / Pour me tenir le cœur au chaud “). Dans cet album “de la maturité” la chanteuse demande à son public de ne pas se complaire dans la nostalgie de leurs débuts respectifs (Vous m’avez tant aimée : “Vous m’avez tant aimée / Quand j’étais bergerette / Et vous voudriez retrouver / Toujours les mêmes chansonnettes / Et vos vingt ans qui y sont restés “). Pour conclure on dira qu’Anne Sylvestre n’a pas véritablement la place qui devrait lui revenir dans le monde de la chanson. Pourtant dés 1966 un ouvrage lui était consacré dans la prestigieuse collection “Poètes d’aujourd’hui” de Seghers : la chanteuse étant la première femme à figurer derrière sept auteurs masculins.